Orange mécanique à Guantanamo?
mar. 16 déc. 2014
L'actualité du jour nous apprend le fait que deux psychologues, officiers de l'armée des USA, auraient été utilisés à Guantanamo pour mettre au point la torture des prisonniers. Et le commentaire qui suit la présentation des faits ajoute qu'ils auraient été "grassement payés" pour cela.
Quelle époque parfois surprenante!
Est-ce encore l'humain, sa dignité et ses valeurs qui priment la logique productive, et sécuritaire dans un monde qui a attrapé le virus de la "mondialisation" mal régulée mais dont une partie qui s'en écarte, dérive vers un dangereux fanatisme terroriste conquérant .
Avec une logique aux commandes qui consiste on le sait à devoir produire à tout prix toujours plus et moins cher. Et à pérenniser, banaliser et renforcer l'idéologie financière dérégulée qui la porte sans dire son nom. Mais si l'organisation des pouvoirs et les logiques aux commandes concernent la politique et la sociologie, elles sont néanmoins sous-tendues par des facteurs proprement humains dont les mécanismes psychiques intéressent, eux, directement la psychologie et la psychanalyse.
Nos démocraties sont bien sur perfectibles dans les redressements structurels de leurs dérives, mais elles restent tributaires de ce qu'en font les hommes. Et ce qu'ils en font dépend de ce qu'ils sont. De leur équilibre et de leur rapport au pouvoir... Tout un programme, d'autant que ceux qui recherchent le pouvoir le font souvent par ... symptôme et pour y trouver ainsi, sur le dos des autres, un équilibre et un camouflage!
Pourtant les valeurs de liberté, de fraternité, d'égalité et de laïcité sont censées nous permettre de mieux vivre ensemble.
Mais persiste parfois, comme on le voit bien là de façon caricaturale extrême au motif de "sécurité" défensive, la tentation mal barrée de l'usage d'une psychologie d’État chargée de réduire et d'adapter l'Homme à une dimension instrumentalisée d'homo œconomicus primant celle, traditionnelle qui avait fait sa grandeur, d'homo sapiens.
Soit une psychologie voulue avant tout au service idéologique privé du donneur d'ordre et non pas directement du consultant considéré comme sujet..
Bref, on marche sur la tête.
La psychologie d'exercice public peut, pourrait dès lors être confisquée et détournée par cette logique sans régulations suffisantes qui viendraient encadrer, limiter son pouvoir exorbitant pour lui rendre l'indépendance nécessaire au respect de son éthique.
Des officiers-psychologues de l'armée USA.... aux officiers de santé ou de la pédagogie, qu'on voit poindre chez nous aux travers de divers rapports et dispositions relatives à la santé mentale et à l'éducation concernant les psychologues, il n'y a qu'un petit pas...
De quoi faire rêver quelques cabinets ministériels, agences régionales de santé, inspecteurs généraux de l'éducation nationale ou inspections académiques, non?
Le problème est éthique. Il est toujours de repérer au service de qui se place et est placé symboliquement et de droit le psychologue de service public dans une démocratie républicaine laïque.
Encore faudrait-il sans doute que cette déontologie ait force de loi, en démocratie, pour que la psychologie ne soit pas, faute de garantie d'indépendance, transformée en "flicologie" d'Etat, d'entreprise, ou d'institution vers une police des consciences.
Peut-être alors un code de déontologie des psychologues inscrit dans la loi de façon tierce, viendrait-il faire médiation, régulation et rempart dans cette sorte de "horde primitive" que sont la mondialisation, sa gouvernance et leurs dérives déshumanisantes vers un profit boulimique et acéphale .
Par l'inscription dans la loi d'une meilleure indépendance des psychologues, il s'agit de vraiment garantir le public des nombreux mésusages et détournements actuels et à venir des pratiques de santé en général et des pratiques psy en particulier.
A bon entendeur...
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