Lettre à François Mitterrand


Michel Berlin

Psychologue Clinicien

 

Le 28 novembre 1989

 

 

 

 

 

Monsieur le président de la République

 

 

Monsieur le président,

 

           Le métier de psychologue n’est pas une spécialisation du métier d’instituteur comme le pensent et le mettent en place les responsables pédagogiques de l’École.

 

            Psychologues et instituteurs ne font symboliquement pas partie d’un même corps professionnel.

 

             

            Pourtant l’École voudrait que psychologues et instituteurs fassent corps sous la même tête pédagogique.

 

          Il y a là désordre symbolique dont l’effet pervers tend à détourner les psychologues de l’École de leur place, de leur rôle et de leur éthique, pour les laminer au lit de Procuste des conceptions du pouvoir pédagogique.

 

           Dès lors, refoulés comme psychologues à l’écoute de sujets en voie d’émergence résolutive à eux-mêmes, ils n’apparaissent dans un projet de « réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté » que subordonnés et profilés au seul pouvoir de l’action pédagogique ou ré-éducative mis en place, dont ils seraient réduits à être les simples agents de renseignements.

 

          Dommage que par corporatisme et intégrisme notre école publique se ferme ainsi à ce dont elle prive nos enfants d’avoir l’occasion de faire entendre et de « travailler » pour se dégager de souffrances et de difficultés intérieures proprement psychologiques mais pour autant non médicalement maladives face auxquelles pédagogie et rééducation seules ne peuvent parfois que s’épuiser.

 

           Aussi, Monsieur le président de la République, j’ai l’honneur d’en appeler au recours de votre arbitrage pour que se lève le désordre de cette confusion de place et de rôle dans l’école de notre République. Une école dont la valeur ne pourrait que s’enrichir de faire place à ce que représente et prend en compte le psychologue.

 

            Avec mes remerciements, je vous prie d’agréer, Monsieur le président, l’expression de mon profond respect.

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                Michel Berlin

 

 


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