Un psychologue "rattaché" au RASED "appréhendé" par son inspecteur
Un psychologue "rattaché" au RASED "appréhendé" par son inspecteur

Un psy (mal)"appréhendé" par son inspecteur...

 

 

 

                     Nous avons déjà dénoncé dans ces colonnes, à plusieurs reprises, les détournements de pratiques et les multiples effets pervers stérilisants de la confusion statutaire administrative de deux professions : celle de psychologue et celle d'enseignant des écoles. Nous avions aussi dénoncé les dérives d'une subordination pédagogique de l'exercice de notre profession de psychologue aux IEN (Inspecteurs de l'éducation nationale) de circonscription.

 

 

                   Cette subordination  a  pour effet d'en rajouter, de déformer, voire de se substituer à la législation et règlementation en matière d'exercice de la psychologie et de l'administrer alors  comme une spécialisation pédagogique ainsi incluse et ramenée, par le biais des Réseaux d'Aides Spécialisées, dans le champ de compétence des IEN .

 

 

                    Comme je l'ai déjà écrit, les Réseaux d'Aides portent en germe la mise au pas pédagogique des psychologues.

 

 

                      Voici une illustration proprement caricaturale, mais hélas courante, du rapport à la psychologie des responsables pédagogiques de terrain tel qu'il s'exprime et se dévoile à travers le rapport d'inspection d'un psychologue. Pourra ainsi se prendre la mesure des résistances et de la fermeture à ce que représente et mobilise l'exercice d'une fonction de psychologue dans notre système éducatif.

 

 

                      Ceci ne manque pas de faire symptôme de la rigidité et de la fermeture de ce système  qui,  devant le risque de perte d’une position idéale de toute puissance pédagogique, se ferme et se crispe sur des positions d'autorité et de maîtrises défensives d'une possible souffrance intérieure à percevoir et à élaborer pour évolution et dépassement . Le rapport aux psychologues et à la psychologie en est une traduction .

 

 

 

                     Mais ce n'est peut-être pas parce que l'exercice d'une fonction de psychologue mobilise, comme on le sait et le craint à tort, le "travail" et la "révélation" de ce qui des forces profondes du psychisme échappe à toute saisie et maîtrise (par le Moi) qu'il faudrait, pour l'éviter, dénier la réalité psychique en maîtrisant et pédagogisant les psychologues .

 

 

                     Au risque égoïste de les rendre ainsi inutiles parce qu'inefficaces,  en sauvant les apparences  et peut être  la bonne conscience de ceux qui ont à craindre pour leur pouvoir d'une fonction visant l'autonomie responsable de la personnalité .

 

 

                       Ainsi, si elles s'étaient voulus orientées vers la responsabilisation et l'efficacité de l'emploi des compétences, les observations notées par l'inspecteur d'académie au bas du rapport pourraient-elles dire que : "les qualités, la qualification et les compétences de haut niveau spécialisé en psychologie de M. ,lui permettront utilement de ne pas limiter gratuitement l'usage responsable de son titre aux recommandations toutes personnelles de M. O." qui, par ailleurs, de sa position d'autorité ne doute pas, sans jamais l'avoir appris ni donc être psychologue lui-même, pouvoir néanmoins prétendre enseigner au psychologue comment l'être... On marche sur la tête, non?

 

 

                        En effet, dans ce rapport d'inspection, l'IEN apprécie l'exercice des fonctions de psychologue d'un point de vue imaginaire de pédagogue sur le terrain duquel il se croit fondé de son propre chef tout puissant à le ramener .

 

                      Dans le cadre caractéristique du détournement de pouvoir, il tend dès lors, peut-être en toute bonne foi d'ailleurs, à substituer ses directives et ses vues personnelles aux dispositions règlementaires du 10 avril 90 portant missions des psychologues scolaires d'une part, aux "théories et pratiques qui fondent la psychologie" d'autre part. Toutes choses  en la circonstance de l'espèce par lui manifestement ignorées dans les termes d'un rapport d'inspection qui se présente plus comme l'édiction d'une règlementation propre que comme l'appréciation administrative de l'activité d'un fonctionnaire .

 

 

                       Ce catalogue d'injonctions personnelles ne semble étayé d'aucune référence tierce . L'IEN, d'une position de maitrise incastrée, semble énoncer et se référer seulement à sa propre loi .

 

 

                        Mais s' il n'est pourtant qu'un "lampiste" il est, ce qui est plus grave,  un lampiste "couvert" si l'on se réfère aux observations de l'inspecteur d'académie invitant le psychologue à suivre des "conseils" pourtant profanes et infondés. Il n'est donc que partiellement responsable de se laisser traverser par un imaginaire institutionnel entretenu, toujours en position de méconnaissance de la différence professionnelle enseignant-psychologue par désaveu perverti du tranchant de la loi de 85 qui l'établit sans compromis ni ambiguïté . Et toujours en position de résistance à la coupure de la psychologie d'avec la pédagogie et son pouvoir.

 

 

 

                       Psychologue, "scolaire" certes, mais "donc" pas vraiment psychologue pour cet IEN, comme pour" l'esprit maison" de l'institution avec laquelle il partage l'idéologie de cette illusion groupale.  Le ministère vient de se faire annuler en Conseil d’État, une note de service (signée Jean Ferrier. Vous vous souvenez?) tendant à interdire aux psychologues scolaires d'exercer de façon dérogatoire la profession de psychologue à titre privé, au motif qu'elle " ne découlerait pas de la nature des fonctions d'instituteur spécialisé en psychologie scolaire ". L'arrêt Berlin du 7avril 93 annule cette interdiction avec toutes les conséquences de droit sur le fait que les fonctions de psychologue scolaire découlent bien de l'exercice de la profession de psychologue et de l'usage  de ce titre réservé par la loi . Il y avait donc là confusion entretenue au plus haut niveau des directions du ministère et de la hiérarchie pédagogique qui les constitue, comme si pour elles, l'exercice de la psychologie "scolaire" n'était pas de même nature que celui de la psychologie d'exercice tant public que privé. Comme s'il ne s'agissait pas d'une seule et même profession et du coup comme si exercer la psychologie "scolaire" interdisait d'exercer la ... psychologie... !

 

 

 

                      Dans son rapport l'IEN met manifestement l'accent  sur le "scolaire" qu'il souligne, pour tenter ainsi de justifier ramener sur son terrain d'autorité pédagogique et sur son terrain de pensée rejetant toute une grande partie de la réalité psychique agissante à prendre en compte,  un psychologue qui lui échapperait en l'étant, et en étant reconnu (statutairement?) comme tel.

 

                      Quitte à prendre les psychologues qui ne seraient pas aseptiquement scolarisés pour des psychiatres chargés de "soigner" "les caractériels" ou les fous, voire pour des chercheurs de laboratoire étudiant le comportement des rats .

 

 

                     Le maintien de la confusion enseignant-psychologue, par désaveu et déni de la coupure  différenciatrice de la loi génère dès lors une dérive  dans la symbolique des classifications , comme on le sait bien en psychopathologie clinique . Nous  avons là un des multiples effets pervers symptomatique de cette confusion .

 

 

                      Dès lors que le psychologue est évacué, c'est la thèse que je soutiens, la dynamique psychique subjective qu'il représente et dont il médiatise le travail par résonance avec son propre psychisme pour analyse selon une méthode clinique de psychologie, ne peut plus qu'être refoulée en étant scolarisée, psychiatrisée ou chosifiée. Pour lui, dès lors, il n'y a imaginairement que des psychologues  qui soient ... "scolaires", des "psychiatres" (s'occupant d'une intériorité qui ne peut qu'être malade parce que "Autre" et non partageable par le commun des mortels "normaux" comme lui) ou des "chercheurs" de laboratoire. Or, toute difficulté psychologique, inhérente au fond de souffrance et de conflits qui constitue l'humain toujours en voie maturative de meilleure réalisation intérieure, n'appelle pas nécessairement traitement médical et psychiatrique mais bien toujours précisément écoute, « recherche » et analyse (c’est bien pour cela que la formation est longue et spécialisée) quand elle est prise en compte et traitée selon une démarche et par une méthode de psychologie clinique prenant en compte l'écoute de l'expression constituante et évolutive de la  subjectivité.

 

 

                      Manifestement cet IEN n'en a aucune conscience et outre son manque patent de formation psychologique puisqu’il n’est pas … psychologue, il manque probablement d'information à ce sujet, hors de son champ de compétences. Là encore les idées reçues, érigées en idéologie institutionnelle, qui courent dans le système éducatif, telles que les reflètent partiellement les dispositions règlementaires relatives aux Réseaux d'Aides Spécialisées, ne peuvent effectivement guère lui permettre d'accéder à plus de clairvoyance en la matière.

 

 

                    Ainsi la confusion entretenue et peut-être voulue entre psychologue scolaire et pédagogue, entre fonction et grade, a pour corollaire celle entre psychologue et psychiatre, celle entre difficultés psychologiques et troubles psychiatriques. . Dans le modèle interrne, symptomatiquement corseté de cet IEN, il n'y a pas de place pour le psychologue et son écoute clinique, ni pour la dynamique élaborative de l'inconscient dans l'école . Le psychisme "plat" de surface doit se réduire au " Moi" dont devrait se borner à s'occuper, sous son contrôle dès lors éclairé, le psychologue scolaire ainsi scolarisé et réduit à être l’agent d’application de techniques de mesures ; celles que connaîtraient l’inspecteur et qu’il lui aurait indiquées. .Celles dont il pourrait ainsi plus surement évaluer l’application !

 

                     Le "reste" lui échappant ne peut qu'être refoulé. Le gabarit c’est lui, le chef, qui l’a et chacun se doit de s’y reduire et s’y conformer. On est en pleine métaphore du lit de Procuste.

 

 

                   Ainsi, tout ce catalogue de directives moralisatrices et infantilisantes semble viser à parer l'advenue "tabou" et redoutée de ce à quoi l'IEN s'est fermé, faute de se donner les moyens d'en connaître la profonde et surprenante vérité.

 

                  La parole de l'autre,  aux prises avec son histoire singulière, son désir à dire, reconnaître et faire reconnaître y compris sous la forme de ses "symptômes" scolaires ou non, son cheminement douloureux, ses conflits, ses déchirements, ses blocages, son manque à être, ce qui cause son désir et donc ses motivations singulières à analyser et prendre en compte : tout cela ne semble pas lui parvenir. C'est pour lui dans une autre dimension qu'il ne perçoit pas et donc voudrait interdire. Pour lui, un  psychologue (à son image?) doit "saisir" et "évaluer" un psychisme instrumentalisé et sans sujet, en appliquant des sortes de « recettes », un peu comme on appliquerait techniquement des formules magiques. Quitte pour cela à être exclus de sa profession en sortant de sa place et de son rôle de psychologue, afin de ne pas faire courir le risque d'apparaître différent, et donc isolé-séparé de la pensée et "logique" pédagogique, voire même "régressé".

 

                  L'incontournable prise en compte de la demande pour tout travail psychologique, y compris bien sûr, pourquoi en serait-il autrement, en service public, n'est pas perçue. Pire elle semble renvoyée au modèle libéral privé.

 

 

                  On ne peut se méfier plus de ce que psychologue et psychologie risquent de mobiliser ... en soi, comme chez tout un chacun,  de ce qui doit rester verrouillé et refoulé.

 

 

                  Mais, cette méfiance toute personnelle, sous-jacente à toutes ces fausses certitudes, bien que respectable, demeure infondée. Imaginaire et symptomatique, elle ne saurait faire loi. Comme on le voit, un énorme travail d'ouverture des mentalités reste à effectuer dans l'éducation nationale. Ce n'est pas pour rien qu'elle est la dernière institution à ne toujours pas vouloir et pouvoir reconnaître ses psychologues par un statut correspondant à leur rôle et profession qui marquerait leur différenciation autonome d'avec le corps enseignant et sa hiérarchie de tutelle.

 

 

 

                   Dans son rapport, conforté en cela par tout l'imaginaire idéologique de son institution, l'IEN prend le métier de psychologue pour un métier d’enseignant, ignorant les dispositions statutaires de la fonction publique qui imposent de distinguer grade et fonction afin de ne pas les ... confondre. Encore une fois cet IEN n'est pas seul responsable d'un imaginaire historique induit par toute une dérive institutionnelle tendant à confondre psychologues et enseignants sous un même grade et dans un même grand corps unifiant. Pour l'heure, même si des psychologues ont un grade d'enseignant, ils exercent néanmoins de droit la fonction et la profession de psychologue sous ce titre et cette identité, comme vient de le reconnaître le Conseil d’État dans l'affaire précitée.

 

 

 

                   L'arrêt du Conseil d’État fera jurisprudence. Il devrait pouvoir mettre un terme définitif et général à cette dérive. Le SPEN y veillera.

 

 

                     Selon le rapport de l'IEN, le psychologue "devrait" (on voit bien là l'expression des certitudes surmoïques qui corsètent l'érection de ce petit chef) "se persuader" devoir apporter une "aide pédagogique" et même une "aide matérielle" (de quel montant?) aux enseignants qui recherchent une amélioration des" conditions de leur activité pédagogique". Ces aides ne sont ni du ressort, ni des compétences du psychologue. Ce dernier borne son rôle à médiatiser un travail d' amélioration des conditions  intérieures  de chacun. Qu'il soit enfant ou adulte, élève, parent ou enseignant. C'est en tant que personne que le psychologue le prend en compte.

 

                    Cette directive supplémentaire de l'IEN relève encore de ses vues personnelles et de l'excès de pouvoir. Elle tend à neutraliser l'efficacité possible du travail du psychologue en le faisant sortir de son rôle.  Un rôle qui consiste précisément à entendre l'enseignant dans la dimension psychologique problématique et difficile de son action pédagogique en vue de permettre alors, comme le prévoient les instructions officielles un meilleur ajustement des conduites et de l'interaction éducatives.

 

 

                      Que l'IEN et la hiérarchie institutionnelle se rassurent, il n'y aurait là ni abus, ni risque d'isolement ou de régression pour un psychologue tout à fait à sa place et dans son rôle.

 

                      Les missions des psychologues scolaires auxquelles ne se réfèrent jamais les directives de l'IEN sont pourtant bien définies comme relatives à "l'exercice de la psychologie en milieu scolaire". Elles se réfèrent bien au cadre juridique général des dispositions législatives et règlementaires "relatives à la profession de psychologue" et à la réservation de l'usage professionnel de ce titre. Dispositions générales et supérieures dans lesquelles elles s'inscrivent et dont elles découlent.

 

                        Le pouvoir administratif est en principe soumis au pouvoir exécutif qui tient le sien du législatif...

 

                        Il faudra bien enfin que notre institution et sa hiérarchie finissent par intégrer vraiment ce changement d'identité et de logique professionnelles pour en tirer les conséquences qui s'imposent quant à l'indépendance professionnelle réciproque du pédagogique et du psychologique.

 

 

                       Quel que soit par ailleurs son pouvoir, l'IEN "oublie" qu'il n'est pas psychologue et que parallèlement le psychologue n'est pas un "enseignant" même "intelligent" comme il le dit. Il n'a donc aucune espèce de compétence à user implicitement de ce titre en imposant ses propres vues restrictives ou déplacées sur la manière d'être psychologue.

 

                         De sa position autoritaire de suffisance, il considère le psychologue comme un simple agent technique d'exécution infantilisable et dépourvu des hautes compétences universitaires exigées qui l'habiliteraient tout à fait à prendre la responsabilité d'user de son droit de concevoir et mettre en œuvre les méthodes, démarches et outils de son choix, selon les règles éthiques en usage dans sa profession et selon les théories, modèles et approches qui fondent la psychologie comme discipline propre.

 

 

                   Un statut de psychologue et la création d'un corps de psychologues dans l'éducation nationale avec une hiérarchie propre qui en serait issue, comme c'est la règle pour chaque corps professionnel de la fonction publique, garantirait enfin l'efficacité et l'autonomie professionnelles des psychologues exerçant dans le système  éducatif.

 

                    Ceci, de plus et surtout, permettrait enfin aux millions d'usagers de l'éducation nationale de trouver les garanties de sérieux, de compétence et de professionnalisme que la loi de 85 sur le titre de psychologue visait pourtant à leur offrir.

 

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Michel BERLIN

                                                                                                                                                                        mai 1993

 

Note de 2016 :

                          Cet article fait donc suite au  compte rendu de l'inspection d'un collègue que vous trouverez ci-dessous. Ce collègue, parmi tant d'autres en cette période de forts conflits à propos de la place du psychologue et de la psychologie avec le ministère, direction des écoles et hiérarchie pédagogique essentiellement, s'était plaint au syndicat quand j'étais secrétaire national. Il a donc été publié dans "le journal du SPEN" No 5 de mai-juin 1993 avec mon commentaire de l'époque.

 

                  En fait, je n'avais pas trouvé les mots pour le dire ainsi à l'époque tant j'étais moi-même pris dans le choc du détournement de place, de statut et de rôle que visait ce rapport d'inspection.  Il revenait à se soutenir de la perversité d'un dévoiement symbolique propre au système éducatif pour dire que, puisqu'ils avaient statut d'enseignants dans les réseaux d'aides aux élèves en difficulté (RASED),  les psychologues ... scolaires n'étaient pas psychologues et ne DEVAIENT pas l'être en apparaissant comme tels dans leur pratique...(ça évoque  ce que la loi appelle en l'interdisant : se prévaloir de ses propres turpitudes) Cette pratique, pour cet inspecteur,  réservée qu'elle était aux chercheurs ou aux psychiatres, était dès lors "interdite" aux psychologues qui sont scolaires.. Le "scolaire", on le voit bien, fixe pour lui ici une ligne jaune à ne pas franchir. Peu lui importe si c'est précisément celle qui délimite la différence professionnelle entre pédagogie et psychologie.

 

                       Ce dévoiement était à son apogée en cette période suivant la promulgation par la loi du 25 juillet 1985 de la réservation du titre professionnel de psychologue.

 

                      On se souvient en effet que l'éducation nationale a fait attendre 5 ans la promulgation des décrets d'application de cette loi car elle n'était pas prête à l'accepter telle quelle sans en détourner les conséquences pour professionnaliser la fonction de psychologue. Il lui a fallu 5 ans pour mettre en place ce détournement qui est en fait un déni de toute différenciation professionnelle que viendrait symboliser un statut de psychologue dans cette institution. Il y a eu, on s'en souvient et j'en ai abondamment parlé sur ce site,  une circulaire de 1990 sur les "missions des psychologues scolaires" qui faisait semblant de tirer les conséquences de la loi protégeant le titre de psychologue. Et il y a eu en même temps et comme par un clivage schizophrénique induisant de multiples confusions et effets pervers, une circulaire sur les réseaux d'aide qui traduisait et induisait la mise au pas pédagogique dénaturante de ces mêmes psychologues. Ce fut une période de combats intenses et très durs. La résistance était à son comble. L'effet des forces professionnellement séparatrices s'est fait ressentir par une forte résistante institutionnelle déniant toute possible séparation identitaire et statutaire au moyen d'une mise au pas pédagogique renforcée des psychologues dans les réseaux d'aides spécialisée où ils étaient subordonnés aux Inspecteurs de circonscription. Ceux-ci tendaient à les ramener sur leur terrain pédagogique de pouvoir, soutenus voire incités en sous-mains qu'ils étaient au plus haut niveau de la direction des écoles. De multiples remontées à l'échelon syndical national, où j'étais en tant que secrétaire national, des mises au pas pédagogiques locales manifestaient que ces mises au pas résultaient à la fois d'un effet de structure (absence de statut, rattachement pédagogique, résistance à la division d'un corps et à la perte d'une parcelle de pouvoir) et à la fois de la coordination d'une orchestration ministérielle. Je communiquerai en fin de note d'autres réactions hiérarchiques, trop nombreuses et concordantes pour être aléatoires.

 

                        En l'espèce, manifestement cet inspecteur, peut-être ancien spécialiste en matière d'enseignement élémentaire ou secondaire, ne semble "connaître" de la psychologie que ce qu'il en a lu, en quelques minutes vraisemblablement, dans les "instructions officielles". Et encore c'est avec une lorgnette administrative et pédagogique toute imbue de l'idéologie à la mode néolibérale de l'évaluation" comme seule vertu à tout faire,  qu'il en a "retenu" ce que par ailleurs il semble exiger. Il le fait depuis le grotesque d'une position de "certitude" qui, faute de faire autorité en matière de psychologie,  ne doute de rien en prétendrait même implicitement enseigner la manière d'être psychologue au ... psychologue qui l'a pourtant appris, lui,  à l'université au moins pendant cinq ans... La "bonne pratique" pour lui référée avant tout à la religion de "l'évaluation condition essentielle de la prise en charge" : c'est lui qui la fixe et l'exige.  C'est un peu fort de café, non? D'ailleurs, ne sait-on pas depuis Molière que les gens de qualité savent tout sans jamais l'avoir appris, n'est-ce pas?

 

                         Et dire qu'en 2016, marchant toujours sur la tête à propos de cette question, on pense toujours devoir subordonner les psychologues du futur corps des psychologues de l'éducation nationale titulaires d'un bac plus 6 en psychologie, aux mêmes inspecteurs de l'éducation nationale, au mieux anciens profs de maths, de français ou de géographie... C'est grotesque et inefficace. Et la plupart des syndicats  participant à la mise en place "co-gestionnaire" de ce corps font toujours le dos rond sur ce point ...Peut-être parce qu'ils semblent crispés sur la défense de la gouvernance pédagogique "maison" des Réseaux d'aides spécialisées auxquels devraient rester inclus et "(r)attachés" les psychologues.

 

                 Les mêmes causes structurelles de subordination napoléonienne inadéquate ne manqueront pas, je le crains, de générer les mêmes effets pervers de pouvoir sclérosant! 

 

                                      Est-ce vraiment ce que les usagers, familles et enfants ou jeunes en souffrance et en difficulté,  attendent?

 

 

                     Voici ci-dessous le "rapport" de cette "appréhension"..

 

                                                                                                                                                              Michel Berlin

 

 


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