Sur la réaction thérapeutique négative dans son rapport à la pulsion de mort

 

 

 

            Dans le fantasme masochiste, le sujet est aboli sur le plan symbolique et c'est bien comme acte d'abolition que ce fantasme, par exemple de fustigation, est érotisé.

 

            Freud rencontre le masochisme, au-delà du principe de plaisir, comme une position et un ennemi radical.

 

             L'essence du masochisme se situe dans un au-delà du principe de plaisir qui serait le retour de tout ce qui est la vie au nirvana, à la jouissance d'un état inanimé, sans perturbation, dans le repos éternel. Le plaisir est alors caractérisé par cette tendance au retour du même, comme facteur de conservation et négatif du changement. A la fin de l'article de Freud, le principe de plaisir, au-delà de la recherche du plaisir à vivre, c'est la répétition vers le retour au même et donc la pulsion de mort elle-même.

 

 

 

             Car pour l'être humain, l'entrée dans le monde du désir et de la loi symbolique du signifiant s'est faite au prix du trauma d'une coupure d'avec la jouissance, au prix d'une perte d'être. Le signifiant, par la coupure qu'il opère introduit le manque, là où il avait la liberté, et marque une perte de jouissance. Dès lors le sujet est voué dans la souffrance et ta contrariété de toutes sortes de détours à son retour vers le repos, qui sont inhérents à l'existence de la loi du symbolique et qui apparaissent comme autant d'obstacle et de contrariété, à rechercher cette part de lui-même qu'il a perdue en se coupant d'avec la réel. Le sujet parfois résiste à la venue de son insertion signifiante dans le détour de la chaîne symbolique. Il veut s'en sortir de cette loi qui l'ouvrirait à la contrainte du désir contre la pente mortifère du repos éternel. Et c'est là l'ultime résistance du travail du négatif que l'on rencontre dans l'analyse sous forme dite de réaction thérapeutique négative.

 

               Nous avons pu entrevoir dans un article intitulé "Porter la parole à naître", dans l'histoire du cas Gribouille, né de son élision des pensées d'une mère qui n'en voulait pas et n'en pouvait plus de cet en-trop qu'il était pour elle, les difficultés de celui-ci à faire chuter à un niveau primitif puis œdipien l'avortement répété de la réussite à passer subjectivement par la métaphore paternelle.

 

               Lacan note en effet la rencontre de la réaction thérapeutique négative comme dernière résistance à s'approcher de leur histoire de sujet des enfants non désirés. Ces enfants qui n'ont été admis qu'à regret, ont une irrésistible pente au suicide. Ils ne veulent pas de la contrainte de cette chaîne signifiante dans laquelle ils n'ont été admis par leur mère qu'à regret. Pour eux, le passage métaphorique de la mère au père ne consiste-il pas à métaphoriser un désir de l'Autre comme désir de mort, le trait unaire « mort » étant pour eux initialement l'identification phallique et le Nom du Père ayant dès lors effet vivificateur particulier ?

 

 

 

              Le fond de l'histoire nous dit Lacan, en deçà de la libération de Thanatos par l'agressivité motrice du sujet vis à vis de ce qui l'entoure, est cette douleur d'être résiduelle du sujet, comme lié à l'existence même de l'être vivant, qui est le résidu intérieur dernier de la liaison de Thanatos avec Éros.

 

 

 

   Prié de se constituer dans le signifiant au prix d'une perte de repos et de jouissance, ce qui est le lot commun, de temps en temps, le sujet s'y refuse.

 

Il refuse de s'en sortir comme on dit, en refusant d'aller plus avant. Car aller plus avant, se constituer manquant dans le signifiant pour, ce faisant, vivre, c'est risquer et perdre la jouissance de cette douleur d'être qui lui fait comme identité.

 

 Il se refuse en fait à payer une dette symbolique qu'il n'a pas contractée.

 

  C'est la répétition de ce refus qui constitue le symptôme de RTN.