Deuil et Mélancolie : notes perso

Mélancolie - Patrick Chupin
Mélancolie - Patrick Chupin

DEUIL ET MÉLANCOLIE

 

Note d'étude rédigée dans le cadre de travaux de cartel

 

           Dans la Mélancolie on peut dire que le Moi se tue à s’accrocher à l’objet décevant et haï auquel il s’est identifié régressivement et qu’il ne veut pas perdre, en le symbolisant en tant que (a) et que déchet, pour pouvoir le retrouver autrement sous forme métonymique.

 

Deuil et mélancolie différent par le sentiment d’estime de soi. Celui-ci n’est pas perturbé dans le deuil, qui est un processus, certes douloureux, mais « normal » et en principe souvent transitoire. La perte d’objet reste consciente dans le deuil, alors qu’elle est soustraite à la conscience dans la mélancolie.

 

           Dans la Mélancolie, on trouve souvent la présence d’une sorte de « délire de petitesse » et d’auto-dépréciation ou d’auto-reproches. Ce n’est pas, comme dans le deuil, l’extérieur qui est devenu pauvre et vide, c’est le Moi qui s’est identifié à l’objet.

 

Le mélancolique épanche sa non-valeur et ses auto-reproches devant autrui, mais il manque de honte. Il trouve une satisfaction à cet épanchement importun par lequel il s’expose à nu. Il se plaint et porte pour ainsi dire plainte.

 

Il a perdu le respect de soi car il a perdu son Moi en l’objet. C’est l’aversion morale envers son propre Moi qui vient au premier plan, avant l’étalage d’autres défauts. Les auto-reproches sont adressés à un objet d’amour décevant mais sous forme renversée sur le Moi qui s’est identifié à l’objet. «  Nous voyons chez lui comment une partie du Moi s’oppose à l’autre, porte sur elle une appréciation critique, la prend pour ainsi dire comme objet ».

 

Les plaintes des mélancoliques contre eux-mêmes sont des plaintes adressées et portées « contre ». Ils sont tracassiers, comme s’ils avaient été lésés et victimes d’une grande injustice. Leurs réactions sont issues d’une révolte primitive contre une déception.

 

L’investissement d’objet supprimé se retire alors dans le Moi sous forme d’identification au lieu de se déplacer. Il y a identification à l’objet abandonné/décevant. « L’ombre de l’objet est tombé sur le Moi » dès lors traité comme un objet décevant..

 

Pour cela il faut qu’il y ait eu investissement de l’objet sur une base narcissique, avec forte fixation à l’objet pour empêcher le déplacement substitutif, et avec faible résistance à l’investissement d’objet pour le retour à l’identification narcissique sur le modèle cannibalique primitif du premier attachement, avant même le choix d’objet. Car l’identification à laquelle il y a retour ou recul est le stade préliminaire du choix d’objet .

 

C’est l’identification narcissique avec l’objet qui devient le substitut de son investissement.

 

           La différence entre l'identification hystérique à l'objet et l'identification narcissique tient au maintien de l'investissement d'objet dans l'hystérie alors qu'il ne l'est plus dans la mélancolie du fait de la régression. Car dans la mélancolie, une partie de la réaction est due au deuil, mais l'autre à la régression au narcissisme originaire pour éviter la prise en compte, par sa symbolisation, de la perte de cet objet.

 

 

 Le Mélancolique jouit de la torture qu’il s’inflige, car la haine envers l’objet décevant s’est retournée sur le Moi identifié à l’objet et trouve ainsi à se satisfaire. Les malades tirent vengeance des objets originaires et torturent ceux qu’ils aiment par le moyen de leur maladie, s’étant réfugiés dans la maladie pour ne pas manifester directement l’hostilité. La maladie s’adresse alors à l’objet d’amour par le reproche d’une plainte. La maladie réalise  un « porter plainte ».

 

Donc l’investissement d’amour déçu a eu un double destin :

·         Régression à l’identification narcissique

·         Report sous l’influence de l’ambivalence au sadisme ( C’est ce report de l’amour au          sadisme qui entraîne la tendance au suicide )

 

             selon Freud : "un névrosé n’a d’intention suicidaire que par retournement sur lui d’un désir inconscient meurtrier" ; le mélancolique nous montre que le moi veut se tuer par retournement d’investissement d’objet en se traitant lui-même comme l’objet haï (hainamoration).

 

             Dans l’état amoureux extrême, passionnel, et dans le suicide, le Moi est écrasé par l’objet.

 

                                                                                                         


Écrire commentaire

Commentaires: 0