Reponse du directeur des enseignements scolaires



Remarque:

 

 

              J'avais envoyé à Marcel Duhamel, Directeur des Écoles au ministère, le texte de ma communication au colloque Euro-Ethique (1) de Marseille. Vous trouverez son résumé sous le titre : 'L'autre écoute du psychologue, une éthique du sujet et un envers de la pédagogie" à la catégorie ""Écrits psychologiques" en cliquant sur le lien.

          

 

            Ainsi donc pour les autorités institutionnelles une approche clinique du psychisme et des relations éducatives ne pourrait pas s'accorder avec "la mission d'apprentissage confiée à l'école" parce qu'elle serait (trop?) indépendante de la pédagogie et de sa mission?

 

              Et alors? L'indépendance réciproque ne permettrait-elle pas la collaboration? Et le partage d'un objectif supérieur non plus?

 

              Marcel Duhamel, inspecteur général pour l'enseignement élémentaire, devenu directeur des écoles après avoir été instituteur comme il se plait à le souligner, soutient cette "croyance" que l'approche psychologique véritable, "pure" c'est à dire seulement psychologique et donc "autre", différente de la pédagogie, ne peut pas avoir des effets de bénéfices indirects sur la mission d'apprentissage de l'école et l'apprentissage des élèves.

 

             C'est son point de vue pédagogiquement totalisant en effet. Il l'avait déjà évoqué lors d'une rencontre avec le SPEN où il aurait dit qu'il ne voyait pas en quoi donner un statut aux psychologues ferait mieux lire les élèves et que l'école n'avait pas besoin de psychologues mais de psychologues "scolaires" qui restent des "collègues" sous statut d'enseignant, pour "œuvrer à la pédagogie".... Pas d'Autre qui soit autre et divise le psychisme en divisant une Totalité éducative unitaire donc? Que du même et de l'Un pour se comprendre...Selon cette logique, il faut être charcutier-psychologue pour entendre un charcutier, femme-psychologue pour analyser une femme, prisonnier-psychologue pour être à l'écoute des prisonniers, psychologue-alcoolique pour suivre un alcoolique, psychologue-mauvais élève pour comprendre les difficultés scolaires alors? Tout marcherait-il par simple identification aux symptômes et non pas par mise en jeu profonde et sur une "autre scène" de l'écho en nous des ressorts subtilement intriqués de cette part d'humain, commune et singulière à la fois, qu'on appelle la clinique ?

 

             Mais et l'Autre en nous alors? Celui qui agit, tout en dynamisant le pensée qui pense à l'insu de son plein gré ... souvent au-dessous de la ceinture ... Celui qu'activent et mettent précisément au travail ... les psychologues quand ils sont ... cliniciens? Marcel Duhamel croirait-il qu'on n'apprend qu'avec la force de sa seule volonté, une volonté qui serait auto-alimentée et coupée de ses sources sous-jacentes en jeu conflictuel? Que tout le reste, irrationnel, est sensible faiblesse dangereuse ou inutile?

 

               Quand on ne veut ou ne peut pas admettre par croyance inébranlable que le Moi n'est pas "maître en son logis", ou, ce qui revient au même et en découle qu'il y a d'autres lois et vérités que celles de la doctrine "maison",  de la Bible ou du Coran disant par exemple que la terre est ronde et que c'est elle qui tourne autour du soleil.... Quand on ne peut pas admettre qu'il n'y a pas plus de psychisme "scolaire" que de psychologie "scolaire" comme forme "aseptisée" ou domestiquée de psychologie, que psychologue et enseignant sont des professions différentes et indépendantes... sauf dans la tête et la pensée unique de ceux qui le veulent et ont besoin de le croire...Alors on pense et on agit en effet en conséquence dans un contexte quasi totalitaire de pensée unique ... scolarisée.

 

              Ça serait en effet le cas si l'élève, accrochant son psychisme d'enfant c'est à dire sa subjectivité et la profondeur complexe de la dynamique conflictualisée inconsciente qu'elle sous-tend au porte-manteau de l'école, ne mettait en jeu dans son apprentissage et ses relations aux savoirs et aux maîtres qu'une partie "scolaire" ("au-dessus de la ceinture", consciente et donc "pédagogiquement correcte" et recevable) de son psychisme, justifiant l'absence de besoin en psychologie tout court... Comme si Monsieur Duhamel, et derrière lui toute son institution marchant d'un même pas pédagogique, craignaient sur un mode mégalo-narcissique d'être confrontés à ce que la véritable psychologie représente et mobilise d'altérité. De l'Autre qui viendrait mettre en défaut et affaiblir l'Un d'une pensée unique?

           

                Si l'on voulait positiver, on pourrait dire : encore heureux qu'ils se contentent d'exclure une psychologie et des psychologues qui n'auraient pas le formatage pédagogique imposé!!!  Sans vouloir leur couper la tête ou les briser à la masse comme certains dangereux illuminés totalitaires, tout aussi bardés des certitudes de leur croyance et avides d'accroitre jusqu'au bout les territoires.... sur lesquels le faire régner idéologiquement sans partage, l'idéal du moi totalisant de cette croyance....

 

  

                Mais ce n'est pas si simple.... Et heureusement, même dans l'école 20 ans après, je crois savoir qu'on n'en est peut-être tout de même plus tout à fait là. Encore que....  Reste à voir au plus prés.

 

                Je lis ici et là en mars 2015 ce qui se dit de ce qui se prépare avec la mise en place du nouveau statut et corps des psychologues de l'éducation nationale découpés en deux métiers ventilés selon ce qu'ils auraient, parait-il, l'intention d'appeler la "psychologie de l'éducation et des apprentissages" ceci ou des "apprentissages" cela. Ils effectuent alors un découpage de cette psychologie et des psychologues par cycles et par degrés d'enseignement, c'est à dire, en fait toujours professionnellement et symboliquement en référence détournée égocentrée à la (Divine) Pédagogie et non pas à la ... psychologie, par territoires d'enseignement, et non pas par spécialités psychologiques. Comme pour la nomenclature INSEE.

 

                Faute de reconnaitre la psychologie comme discipline à part entière, il faut qu'elle "colle" encore et toujours étroitement à l'enseignement et surtout à ses "territoires", comme il faut qu'elle "colle" à la médecine et à ses territoires de pouvoir en secteurs de "soins".  Comme si la psychologie n'était pas et ne restait pas partout et avant tout, et quels que soient les secteurs, la psychologie tout court. C'est à dire celle de la nature et de la structure du psychisme, les mêmes partout,  avec l'éventail de ses références et modèles qui lui sont propres à elle et non pas aux secteurs de son usage professionnel qui seraient "territorialisés"comme dans nos banlieues et mis en servitude par d'autres professions.

 

               Mais qui, dans ces réunions préparatoires syndicats d'enseignants et hauts fonctionnaires de l'éducation membres des corps enseignants seulement, y parle encore à la place des psychologues tout court, alors qu'il est pourtant seulement question d'eux dans cette mise en place statutaire? Paradoxal, non?

 

              "Ils" sont décidément enfermés dans l'endoctrinement de leur pensée unique et indécollables de leurs croyances tendant à devoir faire porter encore et toujours, sur "leur territoire" idéologique de pouvoir syndical et administratif, comme un "voile pédagogique" à ce qu'ils entendent devoir continuer de considérer comme "leur" psychologie formatée et aseptisée.

 

 

                                                                                                                                      Michel Berlin

 

 

 

 

 

 

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