Réponse de Ségolène Royal au sénat


 

Réponse de Ségolène Royal au sénat en octobre 97

 

Séance du 14 octobre 1997 au Sénat : Réponse orale de Mme Ségolène Royal, ministre déléguée auprès du ministre de l’éducation nationale, à une question orale de M. René-Pierre Signé, sénateur, en faveur de l’élaboration d’un statut de psychologue pour les psychologues scolaires.

 

Mme la ministre : « La proposition que vous avez formulée mériterait examen et je vous exposerai donc les préoccupations du Gouvernement et sa façon d’envisager les choses à cet égard.

 

Dans les écoles maternelles et primaires, les psychologues scolaires interviennent dans le cadre des réseaux d’aides spécialisés. Ils contribuent à la prise en charge des élèves en difficultés et ils participent aussi, au sein des équipes pédagogiques, à la conception, à la mise en œuvre et à l’évaluation des projets pédagogiques des écoles.

 

Ce rappel a pour objet de souligner la spécificité de leur rôle par rapport à celui des psychologues non scolaires.

En effet, nous avons toujours considéré qu’une expérience pédagogique préalable était nécessaire pour exercer ces fonctions Cette exigence implique que les psychologues scolaires soient des enseignants du premier degré, à qui une formation spécifique est apportée.

 

C’est la raison pour laquelle la création d’un corps de psychologues scolaires qui, pour partie, ne seraient pas issus du corps enseignant n’a pas été décidée jusqu’à présent

 

En effet, nous considérons que l’expérience d’enseignant scolaire constitue une richesse supplémentaire pour ces psychologues avec lesquels les enfants sont en contact. Nous craignons que si un corps de psychologues scolaires était mis en place en tant que tel, le statut de ceux-ci se rapproche alors de celui des psychologues non scolaires et ne se traduise par la perte d’une expérience pédagogique que nous estimons nécessaire.

 

Cela étant, compte tenu de leur formation initiale qui est conforme aux exigences de la loi du 25 juillet 1985 que vous avez évoquée, monsieur le sénateur, l’usage professionnel du titre de psychologue est parfaitement reconnu aux psychologues scolaires. 

 

{………………..}  Je suis prête à envisager en concertation avec ceux-ci, une redéfinition de leurs tâches et peut-être de leur statut, afin de prendre en compte les préoccupations qui sont les vôtres, monsieur le sénateur, et que je partage. »

 

 

 

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Remarque de ma part:

 

Ce qu’il ressort donc de cette lecture, c’est que l’inclusion des psychologues comme membres des RASED, qui sont des structures d’enseignement, et l’exigence d’une formation pédagogique préalable, sont utilisées comme barrage à la création d’un statut de psychologue avec recrutement partiellement extérieur au sérail sur la base des DESS (actuellement Master II et bientôt sans doute doctorats d'exercice pour revenir à un niveau initial de 3ème cycle) de psychologie.

 

Il apparait clairement que l’expérience pédagogique et le signifiant « scolaire »  signent des résistances  institutionnelles et servent d’écran au psychologue et à ce qu’il représenterait d’Autre extérieur, redouté voire diabolisé comme "libéral" et "privé" par le système éducatif. Un système apparaissant quelque peu replié sur lui-même autour de cette « idéologie » dogmatique verrouillée.

 

 

Ceci semble vouloir redonner vie au défunt « relevé de conclusions »(1) du ministère Jack Lang en 1993.  Celui-ci envisageait de lever ces verrous historiques en supprimant l’obligation dogmatique de compétence pédagogique par la nécessité d’avoir été et d’être enseignant, pour être psychologue dans l’éducation nationale. Ce "relevé de conclusions" engageant pourtant le ministère, avait été enterré avec le changement de ministre. Un Lang 2, différent, avait en effet succédé au Lang 1....qui l'avait signé. Comme si la main droite du deuxième voulait ignorer ce que la main gauche du premier avait fait. Étrange dissociation. Vous avez dit confiance à la parole des politiques? Comment ne pas en tirer les conséquences?

 

 

 

 

                                                                                                                                    M.B.

 

(1) Figurant ici dans la catégorie "Publications syndicales".


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