Un statut de psychologue!

 

Journée des Secrétaires Départementaux à Paris : septembre 1992

UN STATUT DE PSYCHOLOGUE[1]

 

Présentation : Michel BERLIN

(Secrétaire National, responsable de la Commission Statut-Formation du CA du SPEN)

 

Malgré la loi de 85 protegeant notre titre et des missions de psychologue, nous ne sommes toujours pas en position institutionnelle de garantir l’exercice autonome de notre profession, faute de légitimation statutaire reconnaissant et délimitant notre place et de notre rôle.

 

Un statut de psychologue s’avère plus que jamais indispensable à garantir notre titre et notre profession des dérives organisées qui tendent à les mettre au pas d’une "normalisation" pédagogique parachevée par sa mise en réseaux.

 

C’est ce dont nous informent nos sections. C’est ce que dénie le ministère ... qui, en désaveu de la loi de 85 et en déni de la différenciation professionnelle qu’elle établit, persiste à exclure les psychologues scolaires de leur profession de psychologue et du statut correspondant pour les considérer et les administrer comme des enseignants.

 

Syndicat autonome privilégiant l’axe professionnel, le SPEN se bat  avec ses partenaires psychologues pour la reconnaissance sociale, l’unité et l’autonomie de la profession de psychologue autour d’un titre unique, d’une formation de 3ème  cycle universitaire professionnalisée sous-tendant des fonctions transversales, non limitées ni dénaturées.

 

Il s’oppose aux dérives (DEPS et DECOP) tendant à créer et développer autant de sous-pratiques maison que de territoires institutionnels établis et de découpages, voire de refoulements sociaux, des problématiques psychiques et des subjectivités.

 

Depuis le congrès de Strasbourg, dans le cadre de ses mandats, la Commision Staut-Formation s’est attachée à élaborer avec le CA, et à publier, une plate-forme revendicative en trois volets : un argumentaire en faveur de la création d’un statut particulier, une plate-forme sur les missions et la formation et enfin, un projet de statut et de corps.

 

UNE EXIGENCE STATUTAIRE

 

Nous avons argumenté notre exigence statutaire comme conséquence à tirer de l’esprit et de la lettre de la loi de 85, en faisant apparaître notre actuel statut d’enseignant comme, non seulement inadéquat, mais abusivement  contraire à l’esprit même de cette loi sur la profession de psychologue, et donc à la volonté populaire.

 

La formation de tout psychologue ne pouvant plus légalement être assimilée à une formation d’enseignant, ni celle de psychologue « scolaire » à une sous ou para formation de psychologue, nous avons logiquement et résolument opté pour la revendication unitaire d’une formation initiale de 3ème cycle spécialisé en UFR de psychologie et non plus en IUFM comme le veut  l’arrêté de septembre 89 créant le DEPS. Les IUFM ont en effet pour seule vocation de formation initiale, celle des maîtres enseignants, en vue de l’exercice de leur profession. La sixième année de formation spécialisée en psychologie prolonge le domaine de spécialisation de la 5ème et ne peut donc aussi, pour les mêmes raisons, que s’effectuer en UFR de psychologie où se forment les psychologues.

 

Pour pallier tout risque de retour et de recours défensifs à des formations et des sous-pratiques maison, il importe d’ouvrir l’éducation nationale à la diversité des approches et des pratiques de la psychologie, ainsi qu’au recrutement externe partiel, sur titre de psychologue : soit post DESS pour tous.

 

POUR L’UNITE PROFESSIONNELLE ET LA MOBILITE

 

Nous avons voulu marquer l’unité de notre profession et permettre la parité et la mobilité des praticiens qui l’exercent. Enfin, par notre projet de statut particulier à partir d’un double recrutement interne et externe selon des proportions égales, tous deux après le titre de psychologue (avec pré-recrutement interne à la licence ou à la maîtrise de psychologie) nous avons voulu que soit inscrite et assurée la nécessaire et légitime MUTATION du psychologue scolaire ou de l’éducation, en psychologue.

 

Ce projet de statut prépare aussi l’inscription dans un prolongement de l’art. 44 de la loi de 85 (sous forme d’un chapitre IV additionnel) de la soumission de tout psychologue d’exercice public à statut particulier dans des conditions d’accès au titre par un diplôme de 3ème cycle universitaire. Le projet qui vous a été communiqué intègre les avancées que constituent le statut particulier des psychologues de la fonction publique hospitalière et celui des médecins de l’éducation nationale. Ces derniers restent des médecins, formés et recrutés comme tels. Le « passage » du psychologue scolaire au psychologue marque la nature différente et autonome d’une même profession : celle que définit l’usage d’un même titre.

 

UNE POSITION ET UN ROLE DE PSYCHOLOGUE.

 

Ce projet de statut nous établit enfin dans une position et un rôle de psychologue à part entière accueillant et promouvant, par une démarche propre, ni médicale, ni pédagogique, ni éducative, la « mise au travail du psychisme » en vue de l’évolution et de l’épanouissement de la personnalité. L’institution éducative ne saurait prétendre n’en tirer aucun bénéfice ou avantage au regard de ses objectifs énoncés : faire une place centrale l’enfant. Sauf à révéler avoir le bas dessein d’administrer du psychologue à des enfants et des familles qui en seraient les OBJETS, au mépris de l’éthique et des démarches de notre profession ainsi que des libertés publiques.

 

Aussi avons-nous indiqué que : « Le corps des psychologues de l’éducation nationale est crée par le présent décret aux fins d’exercer des fonctions de psychologue telles que mentionnées dans l’article 2 ». Nos fonctions y sont définies comme dans l’argumentaire et la plate-forme sur les missions et la formation. Elles constituent ainsi, sans nécessité de développement complémentaire, la refonte revendiquée des instructions sur nos missions.

 

UNE GRILLE INDICIAIRE CORRESPONDANT AU NIVEAU DE RECRUTEMENT (DESS + 1 : soit Bac +6) ...

 

Le corps des psychologues de l’Education Nationale est affecté d’un classement indiciaire spécifique et supérieur à celui que nous avons ou aurions dans le corps des professeurs d’école, du fait de la différence de niveau de recrutement. Au DESS +1 pour les psychologues, à la licence +1 pour les professeurs d’école. Précédé d’un  pré-recrutement à la licence ou à la maîtrise de psychologie, le recrutement interne n’est plus réservé aux seuls enseignants et « plus particulièrement aux enseignants du premier degré » comme le dit Lionel JOSPIN. Il s’étend logiquement à tous les personnels de l’éducation nationale.

 

Les personnels éventuellement pré-recrutés sont détachés un ou deux ans comme stagiaires pour préparer, dans les UFR de psychologie, un des DESS de la liste de ceux ouvrant droit à concours de recrutement au corps. Les candidats (internes et externes) qui ont réussi le concours sont nommés Psychologues de l’Education Nationale stagiaires. Au cours d’une décharge partielle de six heures de service en présence d’usagers, les stagiaires effectuent une seconde année de 3ème cycle spécialisé qui prolonge et approfondit leur spécialisation initiale. Cette sixième année de formation universitaire en psychologie donne lieu à la rédaction dirigée d’un mémoire d’exercice sur le terrain, au suivi d’un groupe de réflexion sur la pratique, à des enseignements théoriques approfondis dans l’orientation et la spécialisation choisie, à des enseignements spécifiques au terrain scolaire d’exercice enfin, le tout sanctionné par un diplôme universitaire de 3ème cycle à bac +6.

 

 

LA CLAUSE DU GRAND-PERE ...

 

Les actuels psychologues scolaires, en exercice ou non, sont sur leur demande directement intégrés au nouveau corps de catégorie A, à l’échelon correspondant à celui relatif à leur indice, augmenté d’une bonification d’échelon et d’ancienneté dans l’échelon au prorata de leur ancienneté et de leur diplômes, avec un maximum de 3 échelons pour 12 ans d’ancienneté.

 

La carrière est rapide puisqu’elle se déroule en 20 ans et demi, du 1er au 11ème échelon, selon un classement indiciaire allant de l’indice nouveau majoré 374 à 818 pour la classe normale, et de L’indice nouveau majoré 655 à 913 pour une hors classe  en 6 échelons. Pour fixer les idées, le traitement net mensuel afférent à l’indice 818 était de 17580,67 F au 1er février 1992.

 

UNE CHAINE DE PSYCHOLOGUES CONSEILLERS-RESPONSABLES TECHNIQUES

 

Le corps a sa hiérarchie propre qui en est issue et qui est nommée sur statut d'emploi par le ministre. Le statut des PEN CRT (psychologues de l’éducation nationale conseillers-responsables techniques) est affecté d’un classement indiciaire allant en sept échelons de l’indice nouveau majoré 693 à l’INM 960.

 

Le corps des PEN est constitué en centres de circonscriptions et en services départementaux, sous la responsabilité hiérarchique des PEN CRT de centre et du PEN CRT départemental. Des PEN CRT exercent une mission de coordination, d’évaluation et d’inspection générale au niveau de la région et du ministère. Ce projet représente l’état, perfectible, de notre réflexion actuelle.

 

Peut-être faudrait-il, par un article, préciser que les psychologues de l’éducation nationale, comme tout psychologue et toute personne qui par état ou profession se voit confier des secrets, et qui serait dans l’impossibilité d’exercer sa tâche si par crainte d’indiscrétion on devait les lui cacher, est soumis au secret professionnel - ici entendu comme secret psychologique- dans les conditions de l’article 378 du code pénal. En effet, une jurisprudence reste à établir dans ce domaine. Il nous appartient de nous y employer avec les autres psychologues.

 

                                                                                                                     Michel Berlin

 



[1]- Le journal du SPEN - Septembre-octobre 1992  p.8  -  INTERVENTION A LA JOURNEE DES Secrétaire Départementaux

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