La place de l'analyste : un lieu où le manque opère.


La place de l'analyste : un lieu où le manque opère...

(Extrait copié d'un forum publié sur le site www.oedipe.org)

Auteur: Mxxxxxx
Date:   27-02-2005


"La psychanalyse est une passion non une science. Il lui manque la fermeté de l'investigateur. En fait, c'est précisément ce défaut qui singularise le psychanalyste. Il aime et déteste son patient; il envie sa liberté et son pouvoir, et son affaire est de ramener ses forces au niveau de sa propre faiblesse. Elle affirme que l'artiste sublime un défaut parce qu'il se sent incapable. La psychanalyse est, en réalité, un acte de revanche par lequel l'infériorité du psychanalyste est transformée en supériorité. Le patient tend naturellement à se soumettre au médecin. C'est pourquoi, aujourd'hui, n'importe quel idiot veut traiter son génie. Peu importe comment le médecin s'efforce d'expliquer le génie, tout ce qu'il arrive à faire est de montrer qu'il en est dépourvu."

                                                                                                                                            (Karl Kraus)



 

 


 Re: A débattre ...

Auteur: Michel Berlin
Date:   08-03-2005

Cher Monsieur,

           Dans le contexte de l’'objection que constitue la psychanalyse et les pratiques intersubjectives aux "fermes " offensives actuelles en faveur de la dissolution de la subjectivité de l’'Homme dans les cases évaluatives de son objectivation comportementaliste, vous vous adressez, me semble-t-il, aux analystes de ce forum par une citation qui ayant repéré en eux une « faiblesse », leur supposerait de la jalousie à l’'endroit de la « fermeté » du chercheur objectiviste voire de leur analysant.

         Mais que faire de cette supposition ? Vous en avez sans doute une idée son développement serait le bienvenu.


       Quel pourrait être l’'effet de cette perception de « faiblesse » sur la « fermeté » de l’'observateur scientiste qui en supposerait une désirabilité jalouse?

           Cette citation me renvoie pour ma part à ce que je disais déjà dans ce forum, en réponse aux propos de M. Wxxxx, au sujet de l’'effroi (transférentiel) qu'’inspire  la psychanalyse par ce qu’elle représente, mobilise et met au travail de parole de "ce" (petit rien désigné du non de petit (a) désigné comme "objet perdu" par Lacan qui fait beaucoup)  qui : vérité à prendre en compte, à repousser ou à maîtriser de l’'incurable manque à être de l'’Homme, laisse pourtant et heureusement encore à désirer...chez nombre d'entre-nous.

            Nous savons, depuis le pas en avant de Freud par rapport à une conception médicale du symptôme comme trouble et dysfonctionnement d’'un état normal supposé sans manque à être que, d'’un point de vue de psychologie clinique et de psychanalyse, il n’en est pas ainsi.

             Pour nous, le symptôme, comme le manque à être ressenti en principe par le sujet humain, n'’est pas le propre d'un prétendu état de faiblesse d’'un sujet qui en serait "malade" par rapport à un état de " fermeté " suffisante d'’un sujet "plein" qui en serait par là sain. Il a un sens.


             Celui d’a la vérité, en "gésine", d’'une parole refoulée ou non encore advenue, qui "parle" ainsi comme formation de l’inconscient. "Ça" parle en nous.  "Je" suis où "je" ne pense pas dit Lacan. Il y a en effet le je qui pense et le je de l'inconscient.

             Cette vérité apparaît, en tant que devenue symptôme analytique, dans un Autre érigé, par le pivot du transfert, en une instance supposée savoir. Il s’agit alors que, par un mouvement de « bascule » selon le mot de Lacan, le sujet puisse la reprendre à son compte sous cette forme ainsi révélée en y reconnaissant le jeu de son propre désir.


               « Là où c’était je dois advenir » a dit Freud.

                                                                                                                                    Cordialement,

                                                                                                                                                              M.B.

 

 


Écrire commentaire

Commentaires: 0