Non, la terre ne tourne pas, c'est prouvé... Ou le retour archaïque totalitaire à l'obscurantisme religieux?

En ce moment, décidément les totalitarismes religieux islamistes s’en donnent à cœur joie au niveau des symptômes de leurs délires imaginaires de haine et de toute puissance.

Après s’en être pris au « patrimoine » culturel, c’est-à-dire encore symboliquement à la culture transmise par le père, c’est-à-dire encore à tout ce qui diffère et fait tiers dans la pensée unique, en démolissant haineusement au marteau piqueur et à la masse des sculptures au prétexte que ces représentations pourtant artistiques tenaient lieu d’idoles et risquaient de venir contrer la dictature d’une seule adoration permise : celle de Dieu, ne voilà-t-il pas que l’un d’entre eux, d’après «Courrier international»[i][1] se met à professer sans humour que la terre ne tournerait pas. Et que les « saintes » écritures, références du seul réel à prendre en compte, le diraient et le prouveraient. Parce que si elle tournait,  lesdites saintes écritures en seraient mises en défaut. ...


Non, la terre ne tourne pas! Le livre sacré  le prouve... 

Ou le retour archaïque totalitaire à l'obscurantisme religieux?

 

En ce moment, décidément les totalitarismes religieux islamistes s’en donnent à cœur joie au niveau des symptômes de leurs délires imaginaires de haine et de toute puissance.

 

Après s’en être pris au « patrimoine » culturel, c’est-à-dire encore symboliquement à la culture transmise par le père, c’est-à-dire encore à tout ce qui diffère et fait tiers dans la pensée unique, en démolissant haineusement au marteau piqueur et à la masse des sculptures au prétexte que ces représentations pourtant artistiques tenaient lieu d’idoles et risquaient de venir contrer la dictature d’une seule adoration permise : celle de Dieu, ne voilà-t-il pas que l’un d’entre eux, d’après «Courrier international»[i][1] se met à professer sans humour que la terre ne tournerait pas. Et que les « saintes » écritures, références du seul réel à prendre en compte, le diraient et le prouveraient. Parce que si elle tournait,  lesdites saintes écritures en seraient mises en défaut. On se croirait revenu 4 à 5 siècles en arrière quand Galilée, ayant découvert la rotation de la terre, fut condamné par l’église pour les mêmes raisons de toute puissance à ne pas écorner. Et plutôt que d’ajuster la Bible, il fallut ajuster la science à ce qu’elle était des milliers d’années avant. De là à ce que cette contradiction actuelle de la science soit encore consacrée comme blasphématoire, il n’y a plus qu’un dernier petit dérapage à effectuer et le tour serait joué.  Et sous-entendu ça mettrait en défaut un Tout religieux pour le coup idolâtré en miroir de ce qui est dénoncé, et support bricolé d’une croyance élevée à la catégorie de ce qui nous apparait bien comme délire. Un délire passionnel collectif dans lequel sont collectivement pris les « fidèles » sans pour autant devoir être individuellement « fous », au sens d’exonérés de toute responsabilité personnelle. Car l’endoctriné est à la fois victime et bourreau. Collectivement « fou » par sa prise dans l’illusion délirante de cette dérive identificatoire groupale, il n’en est pas nécessairement fou et irresponsable de façon personnelle et individuelle. Les individus y sont comme hypnotisés par et dans un collectif "fou" duquel ils participent. Leur endoctrinement procède du même mécanisme que celui de l'hypnose. Je renvoie le lecteur à ce sujet à mon article (2) sur « L’Illusion totalitaire une passion de l’instrumentalité » que vous trouverez à la rubrique « Écrits de psychanalyse » sur ce site.

 

Sur la pente totalitaire en effet, tout ce qui diffère, tout ce qui est autre, représente un danger persécuteur à éliminer pour ne pas risquer la perte de toute puissance et l’hypertrophie de l’idéal passionnel érigé précisément en un grand Tout idolâtré.

 

Pourquoi ? Parce que dans ce mode de fonctionnement sectaire paranoïde, cet Autre à rejeter et à détruire donc, face auquel le « croyant illuminé endoctriné» se trouve, parce qu’il s’y est subjectivement mis, représente bel et bien la rencontre avec la projection extérieure de ce qu’il a déjà rejeté de l’intérieur de lui-même, faute de pouvoir s’en accommoder et mieux l’assimiler. Mais l’assimiler, ce serait le faire sur un mode névrotique comme une coupure subjective, une dialectique intérieure au prix, comme tout un chacun ayant traversé l’épreuve de castration, d’une certaine faiblesse de conflits et de division entre le Moi et l'inconscient, ressentis à l’intérieur de soi.

 

J’ai déjà évoqué précédemment les mécanismes narcissiques en jeu et leur genèse. Je ne vais pas les développer. Simplement souligner ce que j’avais découvert jadis dans une certaine surprise à savoir qu’il y a là dans cette position d’adepte et de fidèle, la jouissance d’avoir cédé sur ses désirs, pour des identifications grandioses inconscientes qui font se sentir hors castration, hors manque à être et du coup hors culpabilité.

 

C’est pour cela que c’est terriblement séducteur. Et donc dangereux comme facilité d’endoctrinement. Pensez-donc, entrer dans ce genre de secte est comme une sorte de drogue.

 

Du jour au lendemain un pauvre type, au narcissisme grandiose frustré, nostalgique d’une position imaginaire où, dans le miroir il pouvait se fantasmer être l’enfant merveilleux de sa mère, ce pauvre bougre en difficulté métaphorique d’appui paternel tiers pour se tirer de là, mais resté en mal d’idéal du Moi primitif, se sent rien de moins que de nouveau une sorte de fils préféré d’un Dieu maternel. Soit un peu quelque part comme participant de nouveau de ce Dieu lui-même, comme jadis dans la relation duelle où l’enfant se croyait être le petit « phallus » de sa mère . Rien de moins.

 

De quoi se sentir pousser des ailes qui vous prémunissent ou vous sortent de la culpabilité névrotique banale sur fond de division intérieure de conflictualité et d’inhibitions dans laquelle, faute de trouver meilleur appui paternel, vous ne voulez pas vous résoudre à entrer et patauger!   De quoi faire de ce Dieu un peu bricolé à son image d’enfant tyrannique merveilleux et exclusif, la projection de l’enfant imaginaire tout puissant qu’il s’est jadis nécessairement fantasmé être, il peut donc se retrouver en lui sous forme de ce qu’on appelle son Moi idéal, qui est une figure imaginaire idéale et grandiose de soi. Celle qu’on perd normalement sous l’effet de la fonction paternelle, qui par cette coupure vous promeut dans une autre dimension, moins imaginaire et plus symbolique : celle du désir et des idéaux. Idéaux symboliques ceux-là et non plus seulement narcissiques et imaginaires. Celle de devenir un homme ou une femme, avec une puissance limitée mais ouvrant en contre partie des possibilités de recréation symbolique, sur un autre plan donc, de ses objets de jouissance perdus.

 

Ces intégristes religieux, en revanche en sont restés ou retournés collectivement avant cette coupure qu’ils ne cessent dès lors de dénier, comme ils dénient rejettent et veulent éliminer tout ce qui ferait tiers, « Autre » par rapport à leur dualité divine. Dès lors, ce qui est rejeté du symbolique (la castration comme métaphore de la séparation par le père de l’enfant merveilleux d’avec sa mère ainsi rendue femme de son mari, la loi symbolique de castration) fait retour dans le réel, dit la théorie. Et nos « illuminés », possédés par leurs croyances totalisantes, pour conserver la puissance de leur imaginaire « entier », de devoir rejeter et dénier cette castration en coupant des têtes, détruisant les œuvres d’art reflets de la profondeur complexe et tourmentée de l’âme humaine qui leur est insupportable, déniant tout savoir tiers de la science qui viendrait écorner la place sans partage de leur croyance…

 

C’est le monde entier qui doit s’aligner au lit de Procuste de cette croyance intégriste pour leur éviter de s’y adapter et de s’en accommoder.  

 

Position collective éminemment narcissique, comme on le voit, d’ordre groupal paranoïaque, c’est-à-dire « folle » ou perverse, provoquant ou déniant la loi humaine en appui sur un tenant lieu de « loi » du groupe, d’un mode sectaire, contre la loi commune. Un peu comme le petit pervers qui dénie la transmission de la loi de castration du père en appui sur la complicité de la mère pour maintenir une dualité « incestueuse » et « hors la loi » avec elle d'où le père est exclus ou dénigré, où chacun pourrait s’imaginer pouvoir combler l’autre sur le partage d’un rejet du tiers séparateur. 

 

En résumé : Dans ce fonctionnement collectif au narcissisme hypertrophié, l’amour d’un meneur surestimé et idéalisé quasi déifié ou d’un Dieu « bricolé » lui-même incarne l’idéologie collective ou l’esprit de corps. Cet amour est partagé par tous comme UN de même qu’est partagé le rejet haineux en tant que même « mauvais objet » de tout ce qui diffère, divise, relativise, est « l’Autre » de cette totalité « comm-UNE » voulue indivisible. Et cet objet d’amour narcissique  est mis en place de prolongement du Moi Idéal infantile tout puissant et merveilleux de jadis. Il vient donc parer la division subjective des membres. Ce qui était perdu est ainsi illusoirement retrouvé et c’est là la racine structurelle de la « séduction totalitaire » à titre de « passion de l’instrumentalité » qui a cours dans toute formation collective ou communauté. Celle-ci tend ainsi à la réduction de ce qui viendrait empêcher de s’unifier en rond par le rejet et l’élimination de l’Autre et de ceux qui l’incarnent. On est donc nécessairement contre Eros qui dérange et du côté jouissif de Thanatos.

 

C’est donc toujours en bande, en groupe de hors la loi pervers, dans cette sorte de nouvelle société sectaire déshumanisée et coupée de ses origines sociales et familiales que ces phénomènes se constituent, se jouent et se pérennisent.

 

En sortir est très difficile, la voie d’une reconstruction thérapeutique et éducative individuelle suppose l’acceptation d’entrée dans une situation de souffrance individuelle par la coupure d’avec ce qui faisait se sentir "UN", entier et tout puissant. L’ouverture à une éventuelle demande de changement et de soins, pour qu’un processus psychothérapeutique soit alors possible se fait à partir de l'entrée dans la souffrance de la perte de cette totalité imaginaire pour qu'une demande émerge et puisse alors servir de moteur au traitement..

 

Car d’un point de vue de psychologie clinique et de psychanalyse le concept d’obligation de soin n’est pas un cadre opérant, parce que, dans un processus analytique, qu’il soit d’analyse pure ou de psychothérapie analytique, le patient n'y est pas en position passive d’analysé, mais d’analysant. Ça change tout. C’est lui l’acteur de son analyse. C'est lui et lui seul, qui, dans le cadre d'un transfert sur son "thérapeute", met son manque au travail de la parole. Et cela ne peut se décréter...

 


Ou bien, faute de travail personnel possible, car faute de demande,  il reste la voie d’un déconditionnement groupal qui remobilise en les réaménageant vers d’autres valeurs et d’autres liens les mêmes mécanismes d’identification idéales et d’esprit de corps (phénomènes psychiques dits depuis Freud de « foules » telles que la secte, l’église ou l’armée ) vers la recherche de meilleures valeurs propres internes.  

 

C’est un peu l’histoire racontée par le film « les douze salopards ». Il s’agit en fait d’un … retournement, bien connu dans les forces spéciales et qui sur un plan psychologique vaut remaniement psychique individuel par une autre dynamique groupale. La mise en jeu de sa vie et la perte de sa toute puissance dans l’obéissance disciplinaire métaphorise l’opération de castration et permet de gagner ainsi une autre vie par la découverte d’autres valeurs d’ordre paternel celles-là.



[1] http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/20/la-terre-ne-tourne-pas-c-est-prouve



 



Écrire commentaire

Commentaires: 0