Des esprits vengeurs à notre époque...

Selon Libération (1), les autorités malaisiennes rechercheraient dix touristes étrangers accusés d'avoir provoqué par la blague potache de leur photos "culs nus" le tremblement de terre qui a frappé vendredi le mont Kinabalu. 

 

 

                                         

                         S'agissait-il alors pour eux de culs particulièrement "canons"? Faut croire que oui, par l"effet dévastateur produit!

                        Encore des gens qui prennent individuellement et collectivement dans leur culture la métaphore pour du Réel probablement.

                        Car c'est quand même un tantinet fou et carrément d'une autre époque non? Non pas de baisser le maillot mais de croire que c'est ça qui provoque un tremblement ... de terre! Quand je disais, à propos des récents attentats à Paris, qu'on ne vivait pas tous à la même époque... et au même niveau mental dans notre tête!

                        Décidément les fanatismes religieux et le retour ou le maintien droit dans leurs bottes de bien des obscurantismes psychiques ont le vent en poupe même à notre époque, soi-disant moderne et de mondialisation financière et marchande programmée par quelques uns à leur seul profit. Des toiles d'araignées subsistent, il faut bien le reconnaître ici et là, dans les recoins de nombres d'esprits fumeux, sans doute pas touchés par les mêmes "lumières" historiques et scientifiques que nous, la civilisation dite occidentale

 

                           Celle-ci est pourtant touchée depuis quelques décennies par l'esprit de jungle ultralibérale et l'omnipotence du Dieu "argent" à tout prix. Un nouveau Dieu financier à la barre qui, avec ses saintes mais folles et déshumanisantes "lois du marché" soi-disant auto-régulatrices, motiverait et justifierait tout le "modernisme" de notre époque.  Déqualifications et déclassements, chômage, précarité des emplois, maltraitance et déconsidération de l'humain dans sa sensible fragilité au seul profit de sa performance rentable, démantèlement des services publics, accroissement caricatural des inégalités, délocalisations à tout va, baisse régressive programmée du coût du travail et des salaires, dérèglementation de tous les acquis qui viendraient réguler et limiter la "liberté du commerce" d'un profit débridé et tout puissant de multinationales géantes omnivores, réduction à sa portion congrue de l’État pour mieux tirer librement toutes les ficelles et impuissance corrélative voulue du pouvoir politique condamné à gesticuler et à servir la soupe aux "investisseurs" à la gourmandise insatiable.

                       

 

                       Cette civilisation occidentale soi-disant "moderne" (sous-entendu tout autre forme, plus égalitaire et moins sauvagement ultralibérale  en serait "ringarde") présentée comme nécessaire fatalité mondiale, pourtant la nôtre, est très inégalitaire. Elle produit blessures, souffrances et frustrations. Elle est dès lors bien sûr loin d'être parfaite et satisfaisante ...Nous le savons bien. Époque explosive de transition, une révolution des sociétés et de leur système politico-économique serait-elle à nos portes? L'Homme en souffrance ne serait-il pas en quête au fond de lui d'autre chose...D'autre chose en lui et en appui dans l'organisation de la Cité mais peut-être pas fatalement du côté d'un ordre divin?  Dès lors, on peut s'interroger, l'une n'entrainerait-elle pas la contrepartie dialectique réactionnelle de l'autre, qui s'appuie notamment sur une haine de l'occident et une quête "spiritualisée" d'idéaux et de valeurs psychiques propres reconnues? Bref quelque chose de l'ordre de la transmission phallique paternelle... restée psychologiquement et socialement défaillante. C'est à dire quelque choses de l'ordre de la transmission symbolique et de la nomination, soit de l'opérativité de la fonction "paternelle" quelque peu défaillante dans nos sociétés en mutation ou en régression où c'est l'image et la dualité imaginaire haineuse qui ne peut structurellement satisfaire la quête identitaire d'intériorisation d'autres valeurs, plus profondes et symboliques que tous les tatouages et autres piercings du monde, celles-là. Dès lors, comprendre cela c'est se donner le moyen d'y remédier.


                         Après le massacre par des fanatiques musulmans de journalistes de Charlie Hebdo dont la publication de simples dessins aurait pu offenser "leur" Dieu, un Dieu par eux bricolé à leur image et selon leurs projections maladives haineuses qui aurait dès lors "souhaité" être vengé.  Et surtout, comble de leur orgueil pathologique qui aurait voulu être vengé par eux-mêmes, en quelque sorte "choisis" "élus" pour cela. Après le démantèlement de merveilleux sites historiques à la masse toujours au nom d'un Dieu, encore projectivement bricolé, et qui, jaloux lui des images idolâtrées, le souhaiterait aussi.  Ne voilà-t-il pas qu'il faudrait s'en prendre à une bande de potaches ayant dévoilé leur anatomie touristique dans un lieu que d'aucuns croient sacrés. Décidément, les religions, les religieux et les croyants n'ont pas d'humour! N'auraient-ils, tels les "anges", pas de sexe non plus? C'est à voir ...ou plutôt à cacher.

 

                         Mais, là, il s'agit encore d'imposer la toute puissance de son sacré et de ses projections paranoïdes en prônant très sérieusement que : si le séisme s'est déclenché, c'est parce que la montagne sacrée a été profanée. Ben voyons! Plutôt croire cela que constater dans une certaine impuissance que ces phénomènes sont sans rapport avec nous et que donc ils ne dépendent ni de nous, je veux dire de "notre plein gré" ni de son "insu", je veux dire de nos projections inconscientes, fussent-elles recouvertes d'un vernis de camouflage "divin".  Peut-être même dans certaines contrées reculées du cerveau, d'aucuns, ici ou là, auraient encore un penchant inavoué pour aller interroger les entrailles de poulet aux fins de connaître l'avenir (en dénégation du manque castrateur à propos de sa connaissance) ainsi que la disposition des Dieux à leur égard en dénégation de leur solitude existentielle insupportable.  A moins que tout bêtement ils interrogent leur ... horoscope et la position des "constellations"... Pensée magique primitive quand tu nous tiens!  Écoutons les malaisiens!
«C’est une montagne sacrée, et il ne faut pas prendre cela à la légère, aurait expliqué, toujours pour Libération (1) le chef local Joseph Pairin Kitingan, en conférence de presse. Peu importe si le reste du monde n’y croit pas. C’est ce que nous croyons. Et le tremblement de terre est la confirmation de nos croyances.»

 

                        Encore que là, on peut noter, une décentration supplémentaire de la toute puissance du sacré pour ces Malaisiens, puisqu'il ne s'agit pas d'imposer leur sacré au "territoire" du monde entier comme pour les caricatures du prophète des musulmans, mais de l'imposer seulement sur leur territoire à eux. Même si le reste du monde, ainsi pris malgré tout en compte par la réalité de cette constatation au moins, n'y croit pas...

 

                       Il s'agit encore, et comme toujours néanmoins, de défendre une hypertrophie divinisée du Moi individuel à travers celle d'un Moi collectif, soutenu par la croyance religieuse.

 

                     Freud ne disait-il pas que la religion était une "névrose collective" et constituait "l'opium du peuple"...

                                                                                                                                     Michel Berlin

 


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Commentaires: 1
  • #1

    Nicolas Martin (mardi, 28 juillet 2015 07:12)

    Et oui, les excès capitalistes d'un libéralisme triomphant revendiquant toujours plus de liberté et moins de régulations sociales qui "freinent et limitent", ce qu'on appelle la "mondialisation" ou la "globalisation", c'est un peu comme la liberté du renard dans le poulailler...qui voudrait toujours moins de verrous et plus de poulaillers...pour se goinfrer!