L'école n'en finirait-elle jamais ne ne pouvoir dépasser ses démons sclérosés du passé?

L’école n’en finirait-elle jamais de ne pouvoir dépasser ses démons symptomatiques sclérosés du passé ?

 

                     

                          Je vous ai parlé dans le site et sur ce blog du léger déplacement des représentations dans l’éducation nationale en matière de psychologie et de psychologues. Vous avez peut-être pu lire que les choses ont un peu bougé depuis la circulaire dite « Lebettre » de 1960. Celle qui posait le dogme de la place bancale et équivoque d’un « maître-psychologue », mi-psychologue-mi enseignant, sans être vraiment toutefois voulu pleinement l’un ou l’autre ce qui était au fond pour le système et le « corps » de ses membres le meilleur moyen d’en neutraliser l’efficace par trop inquiétante.

 

                          Je vous ai parlé de la circulaire de 1990 créant les réseaux d’aides spécialisées mais instituant ces aides spécialisées comme étant d’une seule nature : pédagogique « off course », malgré la présence d’un psychologue à la « nature » professionnelle propre, d'ordre psychologique et non pas pédagogique, ainsi symptomatiquement "ignorée" de l’échantillon monolithique des aides proposées.



 

                         Je vous ai dit que ces deux circulaires avaient été abrogées et enfin remplacées en 2002 par une nouvelle qui réintroduit l’action de nature psychologique du psychologue en réintroduisant l’aide de nature psychologique aux côtés des aides pédagogiques et ré-éducatives offertes par les réseaux d’aides.

 

                         Je vous ai dit aussi avoir enfin lu ici ou là un léger changement dans les discours officiels de l’éducation nationale, du fait que l’ensemble anonymisé des personnels spécialisés des réseaux d’aides est désormais bien souvent dénommé en extension selon ses deux champs professionnels visibles, énoncés et distingués : les psychologues et les « maîtres » rééducateurs et enseignants.  

 

                        Or, il se trouve qu’hier, en allant chercher à Aix-en-Provence ma dernière petite fille à sa maternelle, je tombe sur un papier d'information destiné aux familles qui traînait en évidence dans la salle d’accueil.  Il s’agissait de Conseil d’École, de son rôle et de sa composition. Je lis. Et que vois-je avec stupeur dans la liste des « membres » de ce conseil?

 

                        « Un maître du réseau d’aides choisi par le conseil des maîtres ».


 

                        Alors, non seulement ce prétendu "maître" y apparaît comme un « sous-maître », potentiellement donc « soumis » par le fait d’y être sous mis par d’autres "maîtres", non choisis eux sauf par le droit, mais encore le psychologue (certes par eux dit scolaire ) du réseau y est ainsi assimilé par cette dénomination à un « maître », c’est-à-dire détourné dans la profession d'enseignant. Alors que la position et le rôle psychologiquement "opérants" de tout psychologue sont précisément l'envers de ceux de "maître".(1)

 

                          Méprise involontaire? Provocation? Perversion? On s'interroge! Qu'en pense le psychologue en question positionné en "maître" et quel effet sur sa pratique? On aimerait avoir son point de vue.

 

                        Quel effet de sens défensif ce détournement véhicule-t-il nécessairement de façon consciente ou non à la cantonade et plus précisément pour les enfants et les familles qui ne partagent pas à-priori, eux, cette représentation scolaire symptomatique et défensive du psychologue ?

 

                         Pour ma part, en tant que parent, je me détournerais d'un psychologue qui ne me semblerait ainsi au travers de ce que j'en aurais lu sur ce papier, ni bien "vu" ni bien "accepté" en tant que tel par l'institution qui accueille mon enfant. Est-ce ce que voudrait au fond l'école? Je ne voudrais pas que ça lui porte préjudice en le mettant en conflit avec le "maître" et l'école.

 

                          Je me souviens notamment de cette famille qui était venue me consulter, du temps de mes débuts comme psychologue scolaire, pour des problèmes psychologiques de son enfant. Ceux-ci, subjectifs et non objectivables pour qui est sourd à l'intériorité n'avaient pas encore de retentissement directement "scolaire" "mesurable".  J'avais dû renvoyer ces gens ailleurs, ce qu'ils n'avaient pas voulu faire, car le maître ne voulait pas laisser sortir l'enfant de la classe en disant d'un ton impératif que celui-ci n'avait pas "besoin de psychologue"....Faire apparaître, sentir la subjectivité en souffrance de l'enfant à ce "maître" qui refoulait dur comme fer la sienne avait été, pour moi à cette époque de jeunesse, mission impossible et entrer dans le conflit en contrariant ou contournant sa maîtrise aurait en effet malheureusement porté préjudice à l'enfant...en l'écartelant... Enfant otage donc... et neutralisation du psy par effet de maîtrise!

                       

 

                         L'école ne pourrait-elle toujours pas vraiment reconnaître et accepter ses psychologues et leur travail pour ce qu'ils sont, ce qui ne serait toujours pas engageant pour la confiance des familles... et donc pour un véritable service public de qualité au réel service du public?

 

                         Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'à ce ... sujet, il y a toujours du boulot...

 

                                                                                                                   M.B.

 

PS : Un petit complément s'impose qui en rajoute une tranche de refoulement. Je retourne chercher ma petite fille l'autre jour et sur le panneau d'information à l'entrée de l'école : une indication attire mon regard. Les coordonnées de l'inspecteur, du médecin et du psychologue scolaires y sont bien indiquées.

Mais je vois celles d'un soi-disant "centre médico-pédagogique".... qui, renseignement pris, est en fait comme il me semblait  un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP). Ces coordonnées apparaissent là bel et bien tronquées d'une dimension psychologique pourtant essentielle, vues les demandes que cet établissement accueille et traite. C'est un véritable acte manqué qui ne s'invente pas pour la circonstance ni pour servir d'exemple caricatural à ce qu'il indique de refoulement du rapport à la dimension psychologique insérée entre le médical et le pédagogique.

Un rapport bel et bien amputé du seul signifiant pourtant propre à l'identifier clairement ....

 

Même aux plus beaux jours de mes démêlés d'il y a trente ans avec le formidable symptôme de rejet du psychologue, de la psychologie et du sujet de la part de l'institution éducation nationale toute entière, je n'avais jamais vu cela.

 

Cette école, en effet dite d'application, porte bien son nom. Elle est décidément à ce ...sujet, exemplairement bien appliquée au refoulement du signifiant de cette dimension autre...que celle de la maitrise.

 

 

 

(1) Voir à ce propos sur ce site mon article "L'autre écoute du psychologue : une éthique du sujet et un envers de la pédagogie".

 

         

 

 

 

 

 

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