Remise à l'heure d'une pendule scolaire...


             

                             Je soulignais l'autre jour un des signes patents du refoulement scolaire de la dimension psychologique. Celui qui s'inscrivait sur le tableau d'affichage de l'école de ma petite fille à Aix en Provence.

 

                            J'en avais quasiment pris mon parti trouvant quand même, avec quelque irritation et surprise, que finalement ça s'inscrivait, même de nos jours, dans la ligne de ce que j'avais vécu dans ma jeunesse professionnelle quand, débutant, je tentais tant bien que mal de m'exercer à pratiquer de façon clinique la psychologie en milieu scolaire ... il y a quarante ans...

 

                         

 

                                

                              Ça cadrait aussi, comme effet toujours là d'un détournement de sens, avec l'inflexion scolaire actuelle de l'intitulé de la formation spécifique post titre et DESS des futurs psychologues du futur tout nouveau corps des psychologues de l'éducation nationale ainsi que de la volonté de continuer de "rattacher" ces psychologues à l'autorité pédagogique des inspecteurs d'une circonscription ... d'enseignement. J'ai parlé ici du refoulement du signifiant de la dimension psychologique de cette future "spécialisation" en ce qu'elle ne comporterait plus d'indication identitaire selon laquelle il s'agirait d'une formation psychologique en vue d'une pratique qui y est relative... Cette formation ne s'intitule plus que d'une dimension éducative référée aux différents territoires scolaires. Ainsi l'amputation criante qu'elle affiche ne manque pas dès lors d'être ... parlante sur ce qu'elle signifie de la "volonté" de non prise en compte du travail de la dimension psychologique et donc de la place légitimée des professionnels de cette dimension dans le système éducatif et dans les têtes des hiérarchies administrativo-pédagogiques aux commandes de ce système.

 

                                    
                             D'ailleurs si on lit de plus près le "cahier des charges" de ce que l'institution éducative, par la plume de sa hiérarchie administrativo-pédagogique (l'inspection générale? les conseillers ministériels, juristes, IEN ou IA?) attend de ses futures psychologues, on est édifié d'y découvrir l'absence totale de "vue " psychologique. Les psychologues, dans leurs rôle et leurs possibles pratiques envers le psychisme, sont hélas, encore une fois, par effet même évident des structures hiérarchiques exclusivement enseignantes qui les pensent et les veulent projectivement à leur image seulement, vus comme des psycho-pédagogues à travers une lorgnette pédagogique déformante et réductrice. C'est à dire selon une autre profession (celle de pédagogue) et un autre rôle (plutôt pédagogique orienté vers les apprentissages et non pas vers les modifications psychiques des conditions intérieures) que le leur véritable. Un peu comme si des malentendants, non conscients de l'être parce qu'enfermés dans leurs certitudes et leur position de pouvoir oligarchique, se targuaient de pouvoir diriger ... la musique, selon le gabarit de la seule fréquence qui leur serait audible!

 

                         En effet, malgré les remarques et demandes répétées des syndicats de psychologues associés à l'étude de la mise en place de ce nouveau corps, les spécialités en sus du DESS de psychologie s'intitulent toujours obstinément : « Éducation, développement et apprentissages » pour le territoire des écoles et «Éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle » pour le territoire des collèges et lycées, alors qu'il s'agit pourtant de formations relatives à l'usage professionnel du titre de psychologue et donc à l'exercice professionnel de la psychologie DANS l'éducation nationale. Ces formations sont bien pourtant censées être relatives à des pratiques seulement psychologiques et non pas à des pratiques éducatives ou formatrices comme ce libellé semblerait le signifier à tort. Il y a eu et il semble continuer d'y avoir refus ministériel (de qui au juste?Du pouvoir politique ou de l'administratif? Et selon quel conflit d'intérêt?) à écrire explicitement, noir sur blanc, et donc reconnaître symboliquement aux yeux du pouvoir réglementaire et donc au grand jour qu'il s'agit d'une formation ... psychologique. Que cette formation psychologique vise... donc légitimement ce qui est du ressort de la pratique de tout psychologue : à savoir la prise en compte et la mise au travail d'évolution psychique voire de reconstruction mentale, dans ces "champs" territoriaux de l'"éducation du développement, de la formation et des apprentissages" y compris, bien évidemment.

 

                                    Je ne vais pas plus développer.... Je l'ai déjà fait avec surabondance ici et là.

 

                                 
                                   Mais, je me dois de faire ici amende honorable. Hier, en allant de nouveau chercher ma petite fille à midi à son école maternelle,  : surprise! Je n'en croyais pas mes yeux. Ne voilà-t-il pas que le P de psycho réapparait dans l'intitulé du CMPP figurant au tableau informatif à l'entrée de l'école.  Ce qui était indiqué comme "centre médico-pédagogique" où le "Psycho" était affiché comme étant mis à la trappe du refoulement, y figure désormais selon sa véritable identité plurielle et pluri-professionnelle de CMPP-U. "P" comme "Psycho" et "U" comme universitaire off course. En le disant ainsi, ça fait beaucoup plus légitime et moins défensif pour le public concerné et adressé, enfants et familles, par l'institution et son personnel. Ça va donc sans doute faciliter à la fois les démarches consultatives des familles et le travail de tous.

 

                              Bravo à cette école! Une part du voile s'est levé. Évolution allant dans le bon sens à encourager et poursuivre. On verra ce qu'il en adviendra de l'intitulé, plus que "voilé"  de la formation des psychologues et du désir quasi "religieux" de leur ... "rattachement"... pédagogique! Un rattachement dont j'ai pu souligner ici (1) ou là (2)  les effets pervers de réductions et détournements de pratiques.

                                    

 

 (1) Recours contre l'obligation de chiffrer le QI

 

 (2) Un psychologue "appréhendé" par un inspecteur ... de l'éducation nationale.

 

 

 

 

 

 

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