La Macronite ou l'avidité comme seul ressort?

                 La Macronite ou l'avidité arrogante comme seul ressort?

 

 

Drôle de psychologie sur les ressorts de l'activité de l'Homme? Ne s'agirait-il pas plutôt ainsi de labelliser sous forme doctrinaire générale les travers symptomatiques de la cupidité maladive, prétentieuse et arrogante de quelques uns, mis par eux-mêmes aux commandes?

 

                   Je viens de lire aujourd'hui un article de François Ruffin dans " Le Monde" du 4 juin 2016 (1). Il s'intitule : " La macronite ; c'est le socialisme en phase terminale".

 

                 Je ne vais pas résister au plaisir de vous en citer de larges extraits, tellement c'est édifiant et tellement il serait vain d'ajouter du dire sur le dire. Et surtout à mon avis sur le bien dire. C'est écrit à partir du soi-disant grand succès populaire que rencontrerait notre jeune et fringant ministre aux dents qui rayent le parterre : Emmanuel Macron.

 

                                   

 

                 Perso je ne sais pas si comme le dit F. Ruffin, la "doctrine" d'E. Macron représente "le socialisme en phase terminale" mais il me semble à coup sur qu'elle se profile en tout cas plutôt comme une sorte de "socialisme à l'envers". Un socialisme qui érigerait en vertu personnelle l'envie et la capacité de "se payer des costards" bien lissés à 3000 euros, accréditant implicitement l'idée oligarchique et élitiste "folle" et prétentieuse que ceux qui n'auraient pas acquis cette vertu révèleraient par là-même leur moindre valeur. Drôle de signification au parfum de belle projection narcissique sécurisante pour ceux qui la partageraient.

 

                 En guise de blanc bonnet et de bonnet blanc comme disait jadis l'autre du temps de ma jeunesse, on est passé de l'élégant "casse-toi pauvre con" au tout aussi méprisant "casse-toi con de pauvre". Pas vraiment un progrès... social!

 

                 La nouveauté c'est qu'il s'agit de fait, par des éléments de langage soigneusement élaborés et dictés comme arguments doctrinaux par l'oligarchie en place, de faire petit à petit rentrer dans les têtes de tous, médias en tête, la nouvelle doctrine politique mondialiste selon laquelle l'avidité sans borne de quelques uns va avoir des retombées profitables à tous pourvu que le coût et les garanties du travail baissent.

 

                 Et que donc, au plus il sera admis la légitimité naturelle que le banquet des seigneurs soit somptueux avec des services "bon marché" et précarisés, meilleures et plus abondantes seront les miettes pour ces fainéants de gueux et de pauvres subventionnés qui servent les plats ou pour ces incapables assistés de errémistes, de surcroit bien souvent "étrangers" qui attendent passivement la distribution autour.

 

                 CQFD comme dirait l'autre. Ben voyons! Simpliste comme rationalisation déculpabilisante d'une arrogance narcissique "décomplexée" ainsi justifiée. Vaut mieux que les énormes subventions aillent grossir les poches de ceux qui les ont déjà pleines...pour en attendre alors éventuellement en retour distributif quelque aumône. C'est parait-il plus "tendance" et "moderne"! Ça serait bien pour les "verrous" sociaux de notre "vieux" pays...dans lequel, en quelques années de mane ultralibérale, la richesse des riches s'est honteusement accrue sur le dos tondu de la pauvreté des pauvres, par transfert de la répartition du fromage.

 

                 A ce petit jeu là, excelle notre propagateur d'une macronite aigüe qui semble frapper notre bon peuple quelque peu "affamé", désenchanté et déboussolé.

 

                 Voici donc ce qu'en dit F. Ruffin dans l'article du Monde précité.

 

          Avidité élevée au rang de vertu

                     « De se moderniser… je sais pas si c’est moderne. Ça permet à l’entreprise de faire des gains énormes sur le dos du contribuable, moi c’est ce que je vois. Et moi j’ai pas voté pour ça. J’ai pas voté pour qu’on me fasse un truc à l’envers. » La famille Mulliez, qui contrôle Auchan, va pouvoir s’en payer toujours plus, des costumes.

Des salariées de Gad « illettrées », jusqu’à aujourd’hui « la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler », en passant par « la vie d’un entrepreneur est plus dure que celle d’un salarié », « le statut des fonctionnaires n’est plus justifiable », ou encore le travail du dimanche pour « gagner plus », ses autocars pour que « les pauvres voyagent plus facilement », « il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires », enfin son mouvement « ni droite ni gauche » hébergé par un think-tank patronal, et surtout, surtout : de quoi Macron est-il le nom ?

                   D’une avidité élevée au rang de vertu. D’une arrogance qui n’en finit plus : banquier d’affaires qui – selon ses propres dires – a servi de « prostitué » pour les PDG, qui en a retiré 2,4 millions d’euros en dix-huit mois et qui, fort de cette douloureuse expérience, vient servir des leçons de « travail » à la nation.

D’une morgue de maître, oui : lui à la vie si lisse, à la jeunesse si protégée, dont le drame est d’avoir échoué à « Normale Sup », dont le cornélien dilemme est d’avoir hésité à faire, après Sciences Po, après l’ENA, directement de la politique ou à d’abord passer par une banque d’affaires, dont le titre de gloire est d’avoir amené Nestlé dans le portefeuille de Rothschild, et qui, sans vergogne, délivre des sermons."

 

 

                   Se moderniser, moderniser la France, moderniser l'économie, s'aligner sur les "impératifs" ou les "réalités" (prétendues inexorables et intouchables) de la mondialisation, faire pour cela en suivant l'impératif de Bruxelles (et malgré le "nom" de la France au référendum, souvenez-vous)  sauter les verrous des garanties sociales et du poids des services publics, moderniser le travail, autant d'éléments de langage de la droite la plus archaïque qui tiennent lieu de dénégation du fait qu'il s'agit là, au prétexte d'alignement aux prétendues nécessités compétitives de la "mondialisation", de régression sociale, de recul de civilisation et d'augmentation des privilèges de "caste"de quelques uns sur le dos du plus grand nombre. Les américains eux-mêmes, et c'est pas peu dire, commencent à s'en apercevoir des effets régressifs de la mondialisation débridée, semble-t-il. Quelles conséquences vont-ils en tirer quant à la politique de l'organisation internationale du commerce à modifier et adopter? Nous verrons bien.

 

               En attendant, il ne nous est pas interdit d'y penser et d'agir en conséquence de là où nous sommes.

 

              
              Si l'on veut toujours moins d’État garant symbolique de la loi et du bien public assuré par le service public pour le transférer à la jungle vorace des puissants intérêts privés, si l'on veut privatiser les gains tout en continuant bien sûr de collectiviser les dépenses, si l'on veut privatiser l'eau, le soleil, la nature, la santé, l'éducation, la justice, la police pour augmenter les parts de fromage de quelques uns sur le dos de tous, alors, en effet, suivons cette doctrine psycho-oligarchique simpliste sur ce qui motive la vie et le travail de l'Homme.

 

               
               Avec un tel profilage de la compréhension des "clés" des motivations profondes de toute activité des humains qui sous-tend dès lors le choix politique, Gauche et Droite confondues, des "modèles" économiques convenus, pas étonnant que ladite économie peine à être relancée dans sa dynamique et que nos démocraties et nos entreprises, ainsi "managées" sur ce seul paramètre "idéologique" fumeux et psychologiquement erroné, par nos dirigeants et certains de nos chefs d'entreprises les plus ringardement pyramidales, génèrent tant de désenchantements et de souffrances au travail.

 

                                                                                                                        M. Berlin

 

 

 

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