Remboursement des consultations psychologiques? Oui, mais...

Remboursement des consultations psychologiques? Oui, mais...

 

                  La question du remboursement des consultations de "soins psychologiques" effectuées par des psychologues se pose depuis des années. J'ai déjà parlé de l'expérience qui s'est mise en place pour les enfants et les adolescents dans la région parisienne et de l'application détournée qui s'est opérée en deçà de l'esprit de ce qu'avait prévu la loi. En effet, celle-ci réservait la condition de ces remboursements à l'adressage des enfants ou jeunes consultants par des médecins, certes, mais aussi par les psychologues de l'éducation nationale. Ce qui donne un autre sens légal que celui d'une activité qui du fait même qu'elle s’inscrirait "sous" seule prescription médicale et donc sous "contrôle" médical, serait symboliquement considérée de fait comme une activité paramédicale. Même si elle n'en est pas une de droit. Manœuvre corporatiste pour détourner le sens, asseoir une domination et s'annexer la psychologie au champ médical en l'y subordonnant? Si encore elle y était placée simplement "à côté" de façon collaborative... Mais non!

 

                 Nous avons vu en effet qu'en limitant le remboursement des séances psychologiques, dans le cadre expérimental de l'application de cette loi, aux seuls enfants et jeunes adressés seulement par des médecins, la prise en charge psychologique s'en trouve dès lors symboliquement déqualifiée, voire pervertie dans son sens et sa valeur, parce qu'elle apparait ainsi illégitimement détournée au rang d'une activité d'auxiliaire médical. Comme si les psychologues n'étaient pas vraiment seuls compétents dans leur discipline en matière de diagnostics et de traitements proprement ... psychologiques.  Alors que, contrairement aux médecins, ils sont spécialement formés et diplômés en psychologie pour l'exercice spécifique et indépendant de cette discipline de sciences humaines.

 

                 L'exercice authentique de la psychologie reste du ressort du psychologue et n'est pas une activité d'auxiliaire médical.                     

                          

                 Ce n'est pourtant ni symboliquement, ni juridiquement, ni réellement le cas. 

 

                 Et pourtant :  bis repetita! Si errare humanum est, perseverare diabolicum!

 

                Que nous indique cette persévération tenace à vouloir subordonner la psychologie à la médecine et à ses prescriptions?   Quel est le sens de vouloir subordonner aux médecins, qui ne sont pas... psychologues en titre, l'activité pourtant indépendante, la responsabilité et les compétences autonomes spécifiques des psychologues?  De quelle place imaginaire ces médecins se prétendraient-ils naturellement plus compétents que les psychologues en matière de diagnostic et de traitement ... psychologiques? Les psychologues sont pourtant légalement habilités, par leur formation universitaire et personnelle et par l'usage de leur titre professionnel réservé, à pratiquer  La question du remboursement des consultations de soins psychologiques effectuées par des psychologues se pose depuis des années. J'ai déjà parlé de l'expérience qui s'est mise en place pour les enfants et les adolescents dans la région parisienne et de l'application détournée qui s'est opérée en deçà de l'esprit de ce qu'avait prévu la loi. En effet, celle-ci réservait la condition de ces remboursements à l'adressage des enfants ou jeunes consultants par des médecins, certes, mais aussi par les psychologues de l'éducation nationale. Ce qui donne un autre sens que celui d'une activité dépendant d'une seule prescription médicale. Le sens d'une activité psychologique "médicale" indépendante (au sens de l'arrêt Dornier de la CDJCE ) ou d'une activité psychologique indépendante relative à la santé...

  

                        

                            Plus récemment, le projet d'expérimentation des remboursements par la CNAM-Ts portant, en même temps, pour l'occasion tentative corporatiste avec le soutien complice de l'administration de la santé, de paramédicalisation des psychologues et des psychothérapies réellement psychologiques qu'ils offrent, a fait vivement réagir le SNP (Syndicat national des Psychologues). Celui-ci vient de lancer une pétition à ce sujet adressée au directeur de la Santé.

 

                           Voici le communiqué en question et le lien vers la pétition consécutive ensuite que j'ai signée.

 

                            

 

 

             

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Communiqué : Expérimentation CNAM-ts

 

                Le SNP apprécie l'intérêt de la CNAM-TS pour les psychothérapies et la décision d'en expérimenter la prise en charge financière par l'Assurance Maladie. Le SNP participe au comité de pilotage de cette expérimentation parce qu'il pense nécessaire de permettre l'accès aux soins psychologiques. Il est, en revanche, totalement opposé à la nécessité d'une prescription médicale et au niveau de rétribution des actes professionnels qui a été décidé par la CNAM-TS.

 

                Le SNP estime qu'il n'est donc pas possible de signer la Convention-cadre "Engagement des psychologues cliniciens et Psychothérapeutes et de l'Assurance Maladie" car il est en désaccord avec l'Article 5 "Tarification appliquée dans le cadre du dispositif" qui stipule la nécessité d'une prescription médicale et un tarif sans dépassement totalement en dessous des réalités tarifaires des actes des psychologues en exercice libéral.

 

                La totale opposition du SNP à la prescription des actes des psychologues tient à la nature même de la profession :

 

                Les psychologues exercent en responsabilité une profession libérale, ils décident eux-mêmes de leurs techniques et de la pertinence des actions thérapeutiques qu'ils entreprennent avec les personnes qui les consultent. S'ils collaborent avec d'autres professionnels, ils ne délèguent pas leur propre diagnostic ni leur responsabilité dans la décision concernant les techniques thérapeutiques qu'ils mettent en œuvre dans le respect de règles déontologiques.

 

               La profession de psychologue ne sera donc jamais une profession d'auxiliaire médical dont tout ou partie de l'activité est prescrite. Si la profession devait être inscrite dans le Code de la santé publique ce ne pourrait donc être que comme profession autonome dans le champ des compétences psychologiques. Il s'agirait alors d'inscrire la profession de psychologue en tant que telle en rajoutant une nouvelle catégorie de professionnels de la santé psychique autonomes dans leur champ de compétences, à côté de celle des professions médicales.

 

                   Paris le 6 janvier 2018 publié le 9 janvier 2018

 

1- cf. Fiche métier du psychologue hospitalier (FPH) : "concevoir, élaborer et mettre en œuvre des actions préventives, curatives et de recherche à travers une démarche professionnelle propre prenant en compte les rapports réciproques entre la vie psychique et les comportements individuels et collectifs, afin de promouvoir l'autonomie de la personnalité".

 

Pétition du 10 janvier 2018

https://www.change.org/p/professeur-benoit-salomon-pour-un-nouveau-tarif-et-un-acc%C3%A8s-libre-dans-les-psychologues-des-exp%C3%A9rimentations?recruiter=848561235&utm_source=share_for_starters&utm_medium=copyLink

 

En voici le texte:

 

Pour un nouveau tarif et un accès libre aux psychologues dans les expérimentations !

 

La psychologie, les psychologues n’ont jamais été autant reconnus dans les échanges quotidiens, comme dans les médias tout en y étant si peu présents !

Dans un paradoxe sidérant, les psychologues eux-mêmes ne sont pas en première ligne et sont paupérisés dans le service public comme dans le privé !

Il existe un grand écart entre le travail des psychologues, leur rôle thérapeutique fondamental et la représentation mystifiée de la psychologie et des psychologues auprès du public, allant du développement personnel aux méthodes de résolution des problèmes les plus variées.

Grands consommateurs d’anxiolytiques, antidépresseurs, psychotropes, les français déprimés ne vont pas mieux, les hôpitaux manquent de psychologues. Le regard rivé sur l’aspect financier, on laisse le plus souvent le patient sans écoute. Qui s’en soucie ?


Deux expérimentations se sont mises en place qui proposent de rembourser des prises en charge par des psychologues libéraux :

- L’assurance maladie propose la prise en charge de thérapies non médicamenteuses pour les troubles en santé mentale d’intensité légère à moyenne.
- L’expérimentation "Écout'Émoi" propose la prise en charge de consultations psychologiques aux enfants et adolescents de 11 à 21 ans.

 Quelle bonne nouvelle ! Enfin ! a-t-on envie de crier...

Qu’est-il proposé ?

- Une consultation psychologique inutilement sur prescription médicale puisque la compétence diagnostique est inscrite dans la profession même et fait partie de l'exercice de la praxis psychologique.
-Des séances de 30 minutes à 22 euros dans le premier cas et 32 euros dans le second, à concurrence d’une dizaine.

De qui se moque-t-on ?

LE SNP REFUSE L’EXPERIMENTATION TELLE QU’ELLE EST PROPOSEE !

LE SNP REFUSE UN DIAGNOSTIC PSYCHOLOGIQUE ETABLI PAR UN MEDECIN.

LE SNP REFUSE LA PARAMEDICALISATION DES PSYCHOLOGUES !

LE SNP REFUSE LES CONSULTATIONS PSYCHOLOGIQUES A 22 ou 32 EUROS !

LE SNP REFUSE D’APPLIQUER UNE EXPERIMENTATION DONT LE DISPOSITIF EST DECIDE PAR D’AUTRES !

LE SNP REFUSE QUE D’AUTRES, SANS FORMATION EN PSYCHOLOGIE, DECIDENT POUR EUX !

LE SNP REFUSE DES PSYCHOLOGUES SOUS TUTELLE OU CURATELLE ! 

LE SNP REFUSE LA DEPENDANCE, L’ASUJETTISSEMMENT, LA MAIN MISE ET LE FILTRAGE DE LA MEDECINE SUR LA PSYCHOLOGIE !

LE SNP EXIGE QUE LES CONSULTATIONS PSYCHOLOGIQUES SOIENT EN ACCES LIBRE ET LES TARIFS PROPOSES PAR LA PROFESSION !

LE SNP EXIGE QUE CHAQUE PSYCHOLOGUE, PRATICIEN CHERCHEUR DE HAUT NIVEAU, CHOISISSE SES OUTILS CONFORMEMENT A L’ESPRIT DE LA LOI DE 1985 !

LE SNP EXIGE LE RESPECT DE L’AUTONOMIE PROFESSIONNELLE DES PSYCHOLOGUES !


Écout'Émoi ? Ecoutez les psychologues… et entendez-les !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                           

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