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Un triste sentiment de déclassement national ressenti en France

Un triste sentiment de déclassement national ressenti en France

 

               Avec la perception que nous sommes unis dans le risque d'une même galère, c'est au final avec la perte de quelque illusion du confort possible d'un certain chacun pour soi égoïste qui nous en protégeait encore, le triste "sentiment d'un déclassement national", comme le dit Jérome Fourquet dans Marianne (1), nous envahit.  Le choc est rude! 

 

              En effet, face à la pandémie à laquelle notre pays tente de faire face avec les moyens du bord, qu'a-t-on été amené à vivre comme une certaine douche froide? Qu'à vouloir marchandiser l'humain, la santé et les services publics, à force de délocalisations et de transferts de compétences et autres courses aux dividendes par idéologie néolibérale mondialiste on s'est déshumanisés et paupérisés. Et qu'on en a perdu jusqu'à notre indépendance vitale.

 

              Qu'alors que la pandémie menaçait depuis janvier et même peut-être avant, on n'a pas pu, faute de moyens et peut-être de décision clairvoyante, repérer et bloquer à temps les chaînes de contagion ce qui nous a conduits à un confinement d'ensemble.

 

                Une fois de plus "On" n'était pas prêts! Restera à analyser finement pourquoi et comment!

 

                On nous a dit que les masques ne servaient à rien, mais qu'il en fallait toutefois pour les soignants qui "risquent leur vie". Donc ils servent! Mais à tous?  Qu'il leur faut des FFP2, les plus sélectifs et filtrants, ou à défaut des chirurgicaux, mais pas des "grands publics" ou des "faits maison" bons seulement pour la populace tout venant dont nous faisons donc partie. 

 

                Les "grands publics" et les "faits maison" dont la majorité d'entre nous devra se contenter 5 mois après le début de la pandémie seraient "mieux que rien" au niveau protection mais de toute façon rendus nécessaires dans les transports.

 

                 Brefs, sidérés, attristés, les Français et les responsables locaux se mettent de façon autonome à devoir inventer et bricoler des solutions à partir de leur prise de conscience de notre déclassement national en matière de moyens sanitaires évoquant avec violence le bricolage parfois tristement dérisoire de pays en voie de développement.

 

                  On n'a pas pu faire barrière au développement des chaînes de contamination en les isolant. On manque cruellement de réactifs pour les tests. de places en réanimation depuis qu'on a cru plus moderne de transformer l'hôpital en entreprise rentable. Dans la cinquième grande puissance économique mondiale qui a exporté son savoir faire et ses productions industrielles sacrifiées sur l'autel du libre échange mondialisé, on manque pourtant  de respirateurs et de petit matériel sanitaire de première nécessité.

 

                  Les soignants sont requis de devoir monter au front sans protection. On leur fournit à la va vite ici et là quelques masques qu'ils ne peuvent renouveler selon les prescriptions d'usage. D'autres sont obligés d'en bricoler eux-mêmes ou de faire appel à du bricolage extérieur de bonne volonté. Ils n'ont pas de sur-blouses de protection, qu'à cela ne tienne, ils revêtiront parfois des sacs-poubelles ...

 

            Tout cela fait désordre et nous marque. Et ça nous fait ressentir avec lassitude et tristesse mais aussi colère et indignation, comme la réalité "moderne" d'un certain déclassement national sur fond de course avide stupide aux dividendes et de destruction industrielle débridée de la planète qui nous fait pourtant vivre. Ce qui peut nous inciter à réagir plutôt qu'à vite oublier pour continuer à dormir, consommer et rêver aux délices de moins en moins vendeurs d'une mondialisation qui marche sur la tête. 

 

               Qu'est-ce qui nous arrive?

 

         Et pendant cette cacophonie sanitaire où apparaît cruellement notre perte économique de souveraineté en deçà de celle du bien public, qu'apprend-on?

 

              Qu'un traité de libre échange vient de se signer avec le Mexique...La dernière signature concernait, il me semble, le traité de libre échange avec le Canada pendant le crise des Gilets Jaunes, non?

 

               La financiarisation mondiale libre échangiste qui met les États et leurs peuples à genoux, avec leur aveugle complicité, sait profiter des bons moments pour avancer.

 

            Dans quel cheminement de traverse notre modèle idéologique économico-politico-administratif nous a-t-il mené? Serons-nous enfin capables de prendre quelque recul, au-delà du facile contre-pied maniaque qui nous pousse à oublier dans la fête et la consommation, en nous alarmant plus bruyamment de la fermeture des bistrots que de celle des lits d'hôpital, pour enfin en tirer majoritairement les conséquences politiques et rectifier les trajectoires?

 

                                                                                                         Michel Berlin

 

(1) https://www.marianne.net/societe/jerome-fourquet-les-francais-ont-vu-l-etat-en-voie-de-clochardisation

 

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