Rejet du masque obligatoire et narcissisme immature du chacun pour soi et moi d'abord
Je lis actuellement qu'un peu partout dans le monde certains d'entre nous manifestent contre l'atteinte à la liberté individuelle que constituerait pour eux l'obligation de porter le masque (1) de protection prophylactique contre la propagation publique du Coronavirus.
Certains vont jusqu'à s'auto proclamer "citoyens souverains". Citoyens peut-être certes, mais seulement selon leurs propres lois individuelles en une sorte de pluralité de micro royaumes hors l'Etat (2) et dès lors contre sa souveraineté à lui. Celle en laquelle, par contrat social républicain, nous avons placé constitutionnellement la garantie de la nôtre en Démocratie.
Ça m'évoque les réflexions rapides suivantes.
Le contrat social nous permet de vivre ensemble les uns avec les autres. Mais il le fait au prix d'un écornage des toutes puissances et donc des "bons plaisirs royaux" imaginairement illimités de chacun. Le temps des rois soleil et des contes de fée est en principe passé.
C'est ce que la loi sociale traduit par la formule selon laquelle : la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres.
Ma liberté privée de ne pas porter de masque et de contaminer les autres, ceux qui partagent le même espace public que moi, la planète Terre, pour rester en société civilisée, doit se subordonner à celle d'intérêt public plus général que tous ceux qui partagent cet espace soient respectés dans leur droit à ne pas être contaminés par moi.
De même ma liberté individuelle de rouler à gauche ou au milieu en France est limitée par la nécessité publique supérieure, traduite dans le code de la route, d'éviter les chocs frontaux aux autres roulant à droite ou au centre. La loi n'empêche pas mais au contraire permet de mieux circuler et garantit, ainsi socialement régulée, la liberté d'aller et venir.
C'est un devoir humain et citoyen de restriction individuelle pour un bien commun supérieur qu'il appartient à l'Etat de garantir en démocratie au nom du peuple.
Ma liberté d'exprimer ma pensée et mon désir, est tenue de n'être et s'exercer subjectivement qu'à condescendre à (selon la loi de castration du symbolique) s'inscrire dans les lois du langage...qui la conditionnent. Passage de l'état sauvage de nature à celui, civilisé de la culture oblige! Malaise (nécessaire pour vivre) dans la civilisation.
Ne pas comprendre et accepter cette évidence, (découlant du fait psychologique que c'est la Loi, celle du symbolique s'entend, qui loin de l'empêcher, fait naître et soutient le désir (et du coup aussi le sujet) tout en protégeant de l'angoisse d'un réel qui serait envahissant et subjectivement néantisant), s'en sentir frustré au point - parfois politico-parano-complotiste - de se croire floué et victime atteint dans des pseudo-droits imaginairement illimités, constitue avec l'indice d'une "castration" et d'une fonction paternelle contestée incarnée symboliquement par l'Etat et ses représentants délégués (policiers, élus, pompiers, maires, enseignants, soignants, fonctionnaires etc..) , délégitimée et consécutivement mal opérantes, le signe consécutif du risque immature d'un grand narcissisme individuel désocialisant prévalent de notre époque.
Celle des "enfants rois", de la fonction paternelle non advenue, ou délégitimée et mise à mal et, consécutivement, du rejet de la transmission culturelle et celle quelque peu "ensauvagée" et "ensauvageante" d'une velléité de toute puissance du "chacun pour soi et moi d'abord" qui demeurent ... au-delà de l'âge habituel.
C'est inquiétant, pour la démocratie et notre lien social
"civilisationnel". (3) Car comme
on le sait en psychanalyse c'est par la Loi, celle du symbolique que supporte la fonction paternelle, que le passage se fait de la nature à la culture. De l'"ensauvagement" à la
civilisation... aussi. Et la "castration", loin d'être une répression, par la fonction symbolique qu'elle opère, promeut bien au contraire un "plus" à partir d'un "moins". Je dois par exemple
consentir à "perdre" mon équilibre pour engager le pas suivant et avancer ...Pareil au niveau psychique de la subjectivation...
Car ce délitement du lien social et citoyen peut donner prise à l'aubaine de son exploitation politico séparatiste d'une part et faire le lit régressif d'autre part des illusions sectaires ou totalitaires. Ce sont elles qui s'appuient, on le sait depuis Freud et la psychanalyse notamment, sur l'espoir de la restauration des narcissismes infantiles blessés et le contre pied de l'angoisse du désordre, en flattant l'orgueil des ego dans le sens facile du poil de leur inflation groupale imaginaire(4) ainsi autoritairement réordonnée.
En effet, certains groupes idéologiques qui en ont fait et en font leur fond de commerce, sont plus que jamais à l’affût stratégique de toute "fenêtre de tir" pour s'emparer du pouvoir et asseoir leur idéologie totalitaire. Au besoin en la "préparant" soigneusement à coups de provocations (5), de propagandes et de "fausses infos", notamment par activismes manipulateurs "commando" très visibles de leur organisation en "forces spéciales" sur les réseaux sociaux. C'est dangereux car de la jouissance primaire de l'ensauvagement tribal désordonné à celle de l'autoritarisme d'un "ordre" totalitaire liberticide, il n'y a parfois qu'un mauvais pas logique à franchir comme nous l'enseignent l'histoire et ... la théorie psychanalytique (4).
Michel Berlin
(1) https://actu.orange.fr/societe/videos/berlin-londres-floride-pourquoi-ils-manifestent-contre-le-port-du-masque-obligatoire-CNT
(2) https://www.lefigaro.fr/flash-actu/australie-des-centaines-d-habitants-infectes-enfreignent-l-ordre-de-confinement-20200804
(3) Natacha Polony - Marianne -Edito Perpétuer la France. https://www.marianne.net/debattons/editos/perpetuer-la-france
(4) Michel Berlin : L'illusion totalitaire : une passion de l'instrumentalité.
Mise à jour du 25 août 2020 . On pourra se reporter aussi à ce qui s'écrit à ce sujet dans Le Monde sur la défiance complotiste et séparatiste envers l'Etat de droit/
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