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En thérapie

 

« En Thérapie »

 

A signaler aux lecteurs de ce Blog une excellente série télévisée qui donne une idée de ce que peut être la difficulté pour le patient et pour son "thérapeute" d’une séance de psychothérapie psychanalytique ou de psychanalyse.

 

Il s’agit de la série « En thérapie » diffusée le jeudi soir sur Arte.

 

Je la suis en téléspectateur assidu bien sûr depuis le début. Et, pour une fois, je n’ai pas été choqué ou irrité de la trop grande déformation de la réalité complexe et cachée de ce qui s’y joue. Et même d’une place reculée de téléspectateur, j’ai trouvé que les premières séances des résistances et de l'agressivité à l’encontre de l’analyste étaient pénibles à supporter. Les personnes viennent mais résistent à travailler et s'en prennent à l'analyste pour le neutraliser et l'invalider. J’ai retrouvé en condensé les effets des résistances et des transferts négatifs que vivent les psy d’orientation analytique dans le quotidien de leur vie institutionnelle avec les institutions et certains patients  dont la demande est encore trop inconsciente et contre investie et sa mise au travail non assumée.

 

Il est compréhensible que, cette série n’étant pas un documentaire, elle se devait de rester un spectacle avec les déformations qui le conditionnent. Notamment le fait qu’étant avant tout d’ordre subjectif et intersubjectif la relation clinique n’est pas de l’ordre de la monstration et éventuellement encore moins de la démonstration spectaculaire (ce qui n’est honnêtement pas trop le cas dans cette série qui reste, de ce point de vue, sobre).

 

 On y trouve néanmoins notamment des condensations et grossissements dans le temps raccourci de la séance des effets de transferts parfois plus ténus et dilatés dans la durée de nombreuses séances.

 

Le travail clinique n’y est pas caché dans son intersubjectivité nécessitant par ailleurs que le « thérapeute », ouvert à ce qui résonne en lui de l’énoncé mais aussi de l’énonciation de la dualité des propos entendus qui lui sont adressés, ait fait un travail sur lui et le poursuive notamment avec le bénéfice du recul de l’ajustement du « contrôle » d’un tiers. Dans ce que dit le sujet qui parle, il y a toujours dans la situation analytique le sens de ce qu’il dit bien sûr mais aussi ce qu’il désire inconsciemment faire entendre et reconnaître de ce qui lui est caché de lui le disant … pour pouvoir lui-même le reconnaître et se l'approprier, en recevant ainsi de l'analyste son message inconscient inversé.

 

Ce spectacle TV a le mérite de faire bien sentir et entendre la division conflictuelle de la personnalité chez les patients-analysants. On y perçoit bien aussi que la structuration de la souffrance et des symptômes a une logique qui s'inscrit dans l'histoire du sujet. Il est montré que les patients ont à la fois un désir de travailler à s’en sortir et à la fois ils y résistent et s’en prennent à l’analyste en cherchant parfois à l’invalider, le contrôler et le neutraliser, à sortir de leur travail et le faire sortir du sien à titre de résistance transférentielle à ce qu’ils ont de si douloureux à laisser aller à un coûteux et difficile travail libérateur et reconstructif du dire.

 

La nécessité du spectacle condense à la fois aussi la parfois quelque peu apparente « sauvagerie » de certaines interprétations de l’analyste et la nécessité d’en faire par ailleurs comme un apport informatif pour le téléspectateur. Ce qui tend à être évité de se faire dans les séances réelles. Car le sujet en thérapie analytique ou en analyse ne souffre pas d’ignorance sur lui qu’il s’agirait de combler par des apports extérieurs court-circuitant le travail qui les met au jour, mais de maux comme "enkystés" de façon traumatique à trouver le chemin de pouvoir se mettre en mots à titre d'issue libératoire d'un travail évolutif, d’effets, de surcroit, résolutif et donc thérapeutique.

 

Par ailleurs et enfin, les séances de "contrôle" avec l'analyste jouée finement par Carole Bouquet, font apparaitre un mélange trop systématique et important de temps de strict contrôle et de temps de conversations et d'échanges sociaux amicaux et interpersonnels qui viennent embrouiller et perturber le travail par les interférences qui en "polluent" la crédibilité et l'efficacité en sortant le contrôleur de sa place et par là-même de l'opérativité de sa fonction.

 

                                                                                                                    Michel Berlin

mars 2021

 

 

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