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Rectifier les injustes et mauvaises modalités de remboursement des consultations chez le psychologue

N'est-il pas temps, entre les deux tours des présidentielles,  d'envisager de rectifier et d'améliorer les injustes modalités de remboursement des séances de psychothérapie chez le psychologue?

 

 

 

Faudra-t-il attendre un changement de majorité parlementaire ?

 

N’est-il pas encore temps, entre les deux tours des élections présidentielles voire avant les législatives, de reconnaître par annonce dans sa nature singulière autonome, mais à pleine parité avec une activité médicale au regard de l'assurance maladie et des mutuelles santé, l'effet soignant, différent, libre, propre et indépendant de l'exercice psychothérapique du psychologue clinicien-psychothérapeute. En effet, l'approche et le traitement psychologiques du psychologue clinicien n'étant pas de nature médicale ni paramédicale, ne sauraient être médicalement prescriptibles. Sauf dénaturation et détournement. Et donc n'est-il pas temps d'envisager la promesse d’améliorer, en conséquence, les modalités de remboursement des séances de "soin" chez le psychologue clinicien-psychothérapeute? Celles qu'un premier pas législatif partisan, hâtif, bâclé et injustement déqualifiant parce que symboliquement paramédicalisant vient de mettre en place ?

 

A l’heure où le camp de l’abstention - dont je fais partie à titre protestataire en attendant mieux -  tend à devenir le plus grand parti de France par insuffisance d’analyse et de prise en compte des réels problèmes des effets pervers humains, sociaux, économiques, géopolitiques et climatiques d'une mondialisation financière capitaliste sauvage, privilégiée et mal régulée, et par défaut politicien de grandes visions rassembleuses et porteuses d'élan, à l’heure où chacun des deux candidats présidents restants se doit de tenter de néanmoins rassembler, n’est-il pas temps pour le président sortant d’améliorer sa rigidité, mortifère pour la profession de psychologue,  autour des conditions symboliquement asservissantes du remboursement qu'il a voulu et conçu des séances de psychothérapie psychologique avec un psychologue clinicien-psychothérapeute injustement paramédicalisé.

 

L’adressage médical préalable pourrait être éventuel, mais pas systématisé ni imposé .... Le contrôle médical subordonnant préalable et ultérieur doit être clairement supprimé car il est illégitime, inapproprié et infantilisant. Et ça changerait ainsi le sens inacceptable des choses ... et de leurs effets. Tant au niveau des psychologues cliniciens que du travail thérapeutique de leurs patients.

 

En effet, le travail psychologique avec un psychologue psychothérapeute, dans le cadre de l’usage réglementé de ce titre protégé par la loi, n’est pas une activité d’auxiliaire médical. Ni bien sûr une activité relevant de la médecine.  Pour l’usage psychothérapeutique professionnel de ce même titre protégé de psychothérapeute, médecins psychiatres et psychologues cliniciens sont également considérés par la loi au regard de leurs compétences psychothérapiques. Pas subordonnés les uns aux autres.

 

Les psychothérapies "psychologiques" - c'est à dire les pratiques d'écoute et de parole visant à la modification du psychisme pratiquées par des psychologues - pourraient être reconnues et considérées comme des soins psychologiques, « différents » dans leur originale singularité, mais « à côté » des soins médicaux ou paramédicaux, remboursés, en tant que tels selon le cadre de leurs démarches et référents psychopathologiques propres, par l'assurance maladie puisqu'il s'agit néanmoins de soins et de santé mentale au sens large. Ces pratiques de soins psychologiques pourraient être remboursées, sans pour autant être symboliquement et administrativement médicalisées ou paramédicalisées...et donc dénaturés et détournées sous forme de simples techniques médicales a-subjectives à protocoliser. Car, psychologiques, elles diffèrent précisément dans leur "logique" de la logique prescriptible verticale et « protocolisable » purement médicale. Tant au plan du diagnostic que de leur mise en œuvre et déroulement. Et c'est ce qui fait leur originalité par rapport à la "psychologie" médicale et médicalisante du médecin. Et c’est aussi ce qui fait l’intérêt enrichissant d’une pluralité contra-totalitaire à préserver. Sinon, le médecin n'aurait qu'à s'y atteler lui-même dans son cadre, sa logique ; ses "protocoles" et sa démarche médicale totalisante. Pourquoi le patient ne serait-il pas libre de choisir et décider à qui adresser sa demande pour du "soin" médical ou psychologique, dans le bénéfice de l’intérêt public d'une pluralité respectée ?  

 

Alors même que le ministère de la santé envisage l'accès remboursé direct à certains paramédicaux comme les  kinésithérapeutes,  orthoptistes et orthophonistes et peste contre le conseil de l'ordre des médecins qui s'y oppose (1), le psychologue, lui qui n'est pas un paramédical et qui exerce à partir de l'exigence de base, de fait largement complétée et dépassée , d'une formation supérieure de haut niveau universitaire à repositionner en 3ème cycle, n'est pas et ne peut pas paradoxalement continuer d'apparaître symboliquement à tort comme un sous-psychothérapeute sous tutelle, domination et coordination médicale, comme le subordonné d'un médecin, dont la psychologie clinique n'est ni la formation, ni la spécialité ni le domaine d'exercice de surcroît. Celui-ci, respecté dans son éthique, son domaine et ses démarches à ne pas dévoyer,  devrait pouvoir rester seulement son partenaire.

 

Aux psychologues de le faire enfin clairement entendre, admettre, prendre en compte et respecter en parlant d'une seule et ferme voix audible de la place « officielle » reconnue d'une instance représentative forte et unique.

 

Cette instance ordinale ou collégiale reste toujours à créer par renoncement aux narcissismes immatures "incastrés" de désespérantes multiples, mais illisibles et inaudibles, divisions affaiblissantes dans d'innombrables et ridicules petites différences tribales concurrentielles de chapelles et de territoires. Ces différences claniques affaiblissantes sont d'un autre âge. Elles offrent une véritable aubaine pour leur instrumentation les unes contre les autres au service de tel ou tel intérêt lobbyiste ou impérialiste partisan, au détriment de la reconnaissance du niveau d'indépendance de toute la profession de psychologue.

 

Les récentes dispositions annoncées et prises par Emmanuel Macron du remboursement limité et sous "orientation" obligatoire d'un médecin généraliste, des séances de psychothérapie avec un psychologue viennent rompre injustement et illogiquement cette égalité. Cette injuste inégalité, fait préjudice aux psychologues et à leurs patients, elle redouble et renforce celle qui existait déjà entre consultations psychologiques prises en charge par l'assurance maladie en milieu médical et non prise en charge en milieu libéral ainsi qu'entre psychothérapies pratiquées par un médecin psychiatre et psychothérapies pratiquées par un psychologue dans le cadre de l'usage professionnel d'un même titre réservé par la loi.

 

Par ailleurs, la limitation des remboursements à 8 séances méconnait totalement le fonctionnement psychique et la réalité clinique de sa lente mise au travail de réorganisation dans le cadre opératoire de la relation psychothérapeutique qui l’établit. Du point de vue psychologique cette limitation arbitraire n’a aucun sens autre que cynique, purement comptable et asservissant. Un peu comme si, sous l’influence dominante des marchands de jambes en bois,  on ne reconnaissait et remboursait que les 3 premiers jours de plâtre pour une jambe cassée...

 

Mais la seule basse comptabilité managériale administrative et le besoin lobbyiste médical de domination et de rejet de toute prise en compte opératoire du travail de l'inconscient, qui transparaissent en arrière-plan avec évidence dans diverses tentatives réitérées d'asservir de façon réductrice et déformante la psychologie clinique et la psychothérapie en des simples techniques paramédicales qui se prescriraient d'en haut selon les troubles médicalement diagnostiqués et non pas selon la demande du sujet et l'écoute mobilisatrice du sens et du travail de sa parole, peuvent-ils tenir lieu de théorie et de clinique véritables du réel fonctionnement psychique ?

 

Une promesse de second tour ou d'avant des législatives pourrait venir ouvrir de plus justes perspectives d’assouplissement - et d’espoirs des psychologues et de leurs patients électeurs - dans cette rigidité médico-administrative étriquée et symptomatiquement asservissante qui méconnait la véritable valeur ainsi que la nature différente et indépendante de l’exercice clinique psychothérapique de la psychologie et qui en pervertit son libre et véritable cadre symbolique d'exercice (2).

 

                                                                                                     Michel Berlin – 12 avril 2022

 

(1https://www.egora.fr/actus-pro/politique-de-sante/69787-acces-direct-aux-paramedicaux-olivier-veran-tacle-l-ordre-des-medecins

 (2) - https://printempsdelapsychiatrie.files.wordpress.com/2021/05/04-snp-raoult.pdf

(3) - https://www.huffingtonpost.fr/life/article/le-remboursement-des-consultations-chez-le-psy-oui-mais-pas-dans-ces-conditions-blog_187023.html

 

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