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Qu’est-ce qui pourrait vraiment rétablir un sentiment de sécurité au Kremlin ?

 

Qu’est-ce qui pourrait vraiment rétablir un sentiment de sécurité au Kremlin ?

 

D'une position mégalomaniaque imaginairement toute puissante, V. Poutine apparait systématiquement prêter projectivement aux autres, dont il se sent dès lors "encerclé" voire "persécuté",   la menace insécure de ses propres travers dominateurs et agressifs. Faire l'évolution intérieure maturative de sortir de son rêve de toute puissance et de son désir infantile de domination totalisant constituerait la voie du rétablissement d'un sentiment de sécurité pour lui et le peuple des fidèles endoctrinés qui marchent à son pas

 

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 Après les propos de Vladimir Poutine selon lesquels le rapprochement de l’Ukraine avec l’Europe et ses velléités de rejoindre l’OTAN insécurisaient la Russie en ramenant la menace nucléaire à ses frontières, sans la distance passée et révolue d’une zone neutre tampon, la question, validée en reprise récente par la présidence française au grand dam de Kiev, se pose donc avec acuité.  

 

Il s’agit, certes peut-être, de ne pas se laisser enfermer dans le piège mortifère du reproche,  de tomber en miroir dans la folle logique d’escalade du Kremlin. Pourtant cette folle logique, tablant sur la faiblesse molle des réactions suscitées,  poursuit son offensive, donc son escalade et ne retire pas ses troupes hors des frontières de l'Ukraine.  Mais, pour autant, d'une place assumée d'Autre souverain, non dupe et démocratique,  on peut, peut-être aussi, ne pas accepter de soutenir, par laisser-faire frileux ou complice, la dérive conquérante hyper-narcissique imaginaire d'un pays -fut-il grand-  le conduisant à une torsion chaotique de l’ordre symbolique du monde et au viol de la souveraineté indépendante des Etats voisins et de leurs frontières. Car nous risquerions alors à terme aussi d'être victimes agressées de ce principe voyou conquérant en roue libre. 

 

 

On peut donc, pour l'éviter, continuer de marquer notre ferme refus déterminé de tout soutien complice à cette dangereuse dérive paranoïaque de domination guerrière et d'éradication d'allure génocidaire, venant de surcroît d'un Etat membre du conseil de sécurité et détenteur de l'arme atomique apocalyptique. Cette dérive est d'abord infondée devant le droit international mais de plus barbare, pathologique, irresponsable et  totalement anachronique au niveau civilisationnel. Et on peut continuer fermement de soutenir activement ce refus de principe de laisser faire sans pour autant être "co-belligérants" en engageant militairement nos troupes contre la Russie;, mais  en aidant matériellement et psychologiquement le pays agressé à se défendre, jusqu'à retrouver  la totalité de ses frontières. Il s'agit bien de s'unir entre Européens pour défendre ainsi la garantie du respect futur des nôtres et de celles des autres Etats Européens proches. Il y va bien de notre intérêt.

 

L’inquiétude de V. Poutine par rapport aux menaces et risques de menaces prétextant son attaque, de fait déjà préventive, est-elle justifiée au point d’en renforcer implicitement le bien fondé en offrant la perspective de possibles « garanties » de zones "tampons" neutralisées ?

 

 On sait en psychopathologie psychodynamique que la logique "folle" du paranoïaque c'est que, pour lui, ce qui est rejeté de toute symbolisation de son Autre intérieur, tend à faire retour angoissant et persécuteur comme menace, imaginée réelle, provenant de l'extérieur où elle a été projeté. 

Le système totalitaire est ainsi constitué qu'il fonctionne sur le mode d'une collectivité paranoïaque, sans qu'il soit besoin que ses membres le soient aussi individuellement, partageant le même objet d'amour (l'idéologie diffusée par la propagande et incarnée par le dictateur) dans le cadre clivé d'un même nécessaire objet de haine, l'ennemi commun, sur lequel sont projetées toutes les velléités de turpitudes internes rejetées du grandiose et ainsi glorieusement purifié "Moi Idéal collectif" ( La Grande et fière Russie Impériale), L'Autre, le rejeté, l'expulsé tel un excrément dégoûtant et menaçant est déshumanisé et méprisé. On peut et on doit l'attaquer pour maintenir la grandeur et la pureté de l'Idéal par lequel on se sent "fort".

 

La solution au sentiment victimaire d’insécurité invoqué par Vladimir Poutine est-elle d’ordre diplomatique, politique, militaire ou plutôt, comme je le pense de ma place de psychologue clinicien et de psychanalyste, à dominance psychologique ?

 

En effet, pour toutes les analyses développées dans les deux articles précédents et pour faire bien plus court, il me semble que ce qui offrirait la meilleure garantie à Moscou de ne plus se sentir autant en insécurité serait que les dirigeants Russes consentent à sortir de leur logique collective toute puissante de type paranoïaque. Car c’est celle-ci qui tend, par construction imaginaire projective même, à les mettre en position victimaire de se sentir menacés par leurs voisins. Car ces derniers sont mis par eux imaginairement en place de miroir déformant de leurs propres projections diaboliques belliqueuses et conquérantes, ainsi évacuées et rejetées sur « les autres ». Cesser de dénier d'être au fin fond d’eux-mêmes corrompus, belliqueux, agressifs, dominateurs et conquérants envers les autres voire même, encore mieux, se « grandir » autrement jusqu’à carrément cesser en compensation de l’être, éviterait aux Russes ces projections diabolisantes et donc leur éviterait de s'en imaginer systématiquement menacés par effet boomerang.

 

 

Car, dans ce mécanisme psychique de rejet et de renversement imaginaire projectif qui attribue à l'autre tout le mauvais désavoué et le sensible prétendu affaiblissant, rejeté et menaçant en soi, réside la dimension psychologique et la source principale du sentiment d’insécurité invoqué et de son instrumentalisation consécutive comme prétexte imaginaire à agression.

 

On est là dans l’enfermement d’une logique duale  infantile sans fin d’escalade imaginaire mégalomaniaque en miroir et donc de renversement de la menace et de la responsabilité de l’agression.

 

C’est comme dans la fable bien connue du loup et de l’agneau. Ou dans celle du renard prédateur qui prétendrait se sentir humilié et menacé par le simple renforcement de la clôture du poulailler pour…justifier le redoublement punitif de sa prédation. Ou encore, grand classique intemporel, signe d'une personnalité immature psychopathique restée dans la toute puissance imaginaire hors castration vouée ainsi consécutivement à ses projections, c'est l'histoire du voyou maffieux qui se sentirait évidemment "menacé" par la police ou même provoqué et au défi du "cassage de gueule" par le simple regard d'un passant croisé dans la rue. Ou l'automobiliste déboussolé qui, ayant franchi la ligne jaune, prétendrait follement que ceux qui roulent vers lui sur leur file viennent le menacer de le percuter. Car qui a envahi l'Ukraine et bombarde sauvagement sa population en rasant ses villes?

 

« Ce n’est pas moi, c’est l’Autre qui est le méchant » (à dénazifier) selon la ritournelle fédératrice bien connue au Kremlin, dans toute dictature et système totalitaire mais aussi … dans les bacs à sable. La folle logique mortifère de celui qui se croit le plus fort et entend le rester peut ne pas toujours s’avérer être la meilleure à défaut de ne pas être assurément la plus saine.

 

Faire confronter l’inflation mégalo imaginaire avec la réalité et la loi de libre souveraineté des peuples par la diplomatie ou le retrait forcé de l'envahisseur et la défaite militaire et politique des offensives conquérantes d'une autre époque d'une part. Renverser consécutivement ainsi d'autre part le jeu psychologique imaginaire débridé du renversement projectif systématique, pourrait remettre à sa juste place la dérive folle de ce jeu tordu. Et ramener in fine pour la paix du monde, ici et là, dans ce Grand Pays qui le mérite, les esprits égarés endoctrinés et mis au pas depuis des lustres à devenir susceptibles de s'entrouvrir un peu à plus d’équilibre et de sérénité.

 

 

 

 

 

Michel BERLIN

     9 décembre 2022

 

 

 

 

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