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Pourquoi nous devons aider l’Ukraine à gagner cette guerre

Pourquoi nous devons aider l’Ukraine à gagner cette guerre.

A l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie néocoloniale de Vladimir Poutine, il apparait de plus en plus clair qu’avec notre aide obligatoire l’Ukraine ne doit pas perdre cette guerre. La restauration d’un ordre civilisationnel du monde dans le respect du droit international en dépend. La Russie totalitaire de Poutine ne peut pas se soutenir en droit du pseudo fondement de ses propres turpitudes ou de celles d'autrui. Celles selon lesquelles d'une part on l'aurait déjà jadis laissée commettre la même agression (La Crimée, la Géorgie, la Tchétchénie  etc..) et d'autre part, d'autres grands pays (USA) en aurait aussi envahi et bombardé jadis un autre (l'Irak).

Ou nous retournons à la barbarie tribale de la loi du plus fort sous gourdin nucléaire, et donc à terme au risque de chaos insensé et désordonné, voire d’anéantissement de notre civilisation si l’Ukraine perd. Ou nous retournons au droit international, à celui des peuples à disposer d’eux-mêmes et à la pacification civilisatrice de l’ordre démocratique de la loi et du sens si nous contribuons à la victoire de l’Ukraine. Il importe d'une part de stopper la Russie dans son crime d'agression, de la faire revenir et rester dans ses frontières, et d'autre part aussi et surtout, de l'inciter ainsi, par ce choc quasi thérapeutique de réalité, à sortir de sa bulle imaginaire inflationniste impérialiste totalisante et parano victimaire, pour rentrer dans l'équilibre du  rang et de la place de tout un chacun. C’est aussi simple et clair que ça.

 

 

J’ai déjà évoqué sur ce site mes réflexions et travaux sur la dimension psychologique structurelle du totalitarisme. Il s’agit d’une foule structurée en tant qu’organisation collective sur le modèle psychanalytique de l’appareil psychique individuel dont l’hypertrophie du Moi (l’Un communautaire) permet de restaurer comme l’illusion de puissance infantile perdue des narcissismes individuels au prix de l’endoctrinement dans une sorte de folie parano-mégalomaniaque collective, par le partage d’un même Moi Idéal et par le rejet paranoïde diabolisé de l’Autre, ennemi commun, menaçant d’écorner l’illusion de sa toute-puissance "entière" pour le ... diviser.

 

Cette illusion, faisant lien unitaire, est promue et incarnée par un leader charismatique en position de gourou ou de dictateur. Elle est érigée en Moi Idéal imaginaire d’ensemble représentant l’esprit collectif idéal. Elle permet, par la dérive imaginaire de l’illusion groupale totalisante formée et propagée au besoin par propagande, d’être fou collectivement, en évitant de ressentir tout conflit intérieur et toute culpabilité, au regard d’une réalité groupale distordue sans pour autant l’être individuellement de façon structurelle. La dérive du groupe, voire de tout un peuple, ne soulève pas de protestation massive ni le moindre sentiment de culpabilité envers la haine qui sous-tend les exactions projetées et commises.

 

Seule la chute forcée d’un "système" ainsi imaginairement organisé semble pouvoir stopper et "crever" la bulle d'inflation narcissique belliqueuse paranoïaque pour faire douloureusement alors ouvrir les yeux aux endoctrinés que le "partage" totalisant (auquel il ne sont pas toutefois exonérés de leur responsabilité subjective de participants-adhérents) d’une même illusion de grandeur hypnotise et pour ainsi dire zombifie.

 

C’est pourquoi, il me semble hélas que seule la défaite incontestable et la chute du système totalitaire Russe sera de nature à stopper le désordre symbolique, juridique (1) et civilisationnel que constitue la logique d’escalade territoriale inflationniste vers la conquête sans fin de soi-disant zones tampon finlandisées entre une Russie campant sur son besoin d’illusion de grandeur « toute », soi-disant historiquement déterminée, et les « libres » démocraties voisines. Celles dont la seule existence de liberté est pour elle comme le grand Autre inacceptable de la bulle enflée d’un grand Moi Idéal contra-dépressif "entier", soit un risque rejeté de mise en défaut et d’écornage divisant cette "Totalité" imaginaire en dérive structurelle d'inflation illimitée.

 

Du côté des non-dupes, le nôtre, les plus nombreux (2) à part quelques rares fidèles au nombre de 5 « alignés » sur des illusions totalitaires identiques,  il est entre nos mains d’accepter ou non le risque de donner prime au désordre mondial que constituerait l’instauration régressive explosive d’une sorte de « loi du plus fort ». Ce serait le cas si la Russie voyait sa « folle » agression triompher parce que dans la triste répétition d’une faute historique Munichoise nous, les 141 pays ayant voté pour la résolution de l’ONU tendant à ce que la Russie cesse l’escalade de son invasion meurtrière de l’Ukraine et retourne dans ses frontières aurions de nouveau, comme jadis à Munich devant l’agression d’Hitler, fermé les yeux, lâchement tergiversé à coup implicites indécis d’ « en même temps » pour en fin de compte laisser faire sans livrer en temps voulu et en nombre nécessaire les armes décisives qu’il faut aux Ukrainiens pour l’emporter rapidement.

 

Voulons-nous régresser mondialement vers la généralisation impunie de « loi tribale » préhistorique du plus gros gourdin, fût-il nucléaire, ou défendre le sens et l’idéal de nos valeurs démocratiques et civilisées de justice et de libre souveraineté de chacun des peuples régissant de façon mondialement ordonnée les relations entre les Etats et leurs peuples ?

Nous n’avons pas d’autre choix. C’est bien pourquoi, si nous voulons rester fidèles à nos valeurs en évitant le risque de chaos mondial ultérieur en perspective, avec notre soutien ferme et décidé, l’Ukraine ne doit pas perdre cette guerre et la Russie et les Russes co-responsables du totalitarisme conquérant et dominateur par lequel ils se sont jouissivement aliénés, doivent être dissuadés à tout jamais par les effets de sens d'une nette défaite, comme jadis l’Allemagne totalitaire du III Reich, d’en ouvrir d’autres de ce type, relevant manifestement du chef de crime d'agression (3), envers ses voisins.

 

Michel Berlin

 

 24 février 2023

 

(1)https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/17/la-cour-internationale-de-justice-appelle-a-la-suspension-immediate-des-operations-militaires-russes-en-ukraine_6117919_3210.html

 

 (2)https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/02/24/resolution-sur-la-russie-a-l-onu-quels-pays-ont-change-de-position-depuis-mars-       2022_6163171_4355770.html

Une résolution des nations unies de février 2023 pour que la Russie cesse le combat et se retire au-delà des frontières de l’Ukraine internationalement reconnues  a recueilli 141 pour et 5 contre seulement.

(3)https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/04/05/le-crime-d-agression-plus-haute-avanie-possible-dans-les-relations-internationales_6168300_3232.html